Critique de La Raison d'État par cathVK44
Cayatte condamne la cynique mécanique d’un pouvoir sans foi ni loi. Marchands d’armes pour chair à canon, ils sont tous des assassins.
Par
le 10 sept. 2024
2 j'aime
Ce film réalisé par André Cayatte en 1978 est une vertueuse dénonciation de l'implication (scandaleuse) des Etats dans les ventes d'armes illicites à des pays tiers voire à des groupes de belligérants. C'est du Cayatte typique des années 70 où, tout feu tout flamme, il s'emparait d'une cause et montait un film à charge souvent intéressant, parfois troublant, toujours un peu manichéen. Les méchants, les malfaisants, les pourris, les mauvais n'avaient plus qu'à bien se tenir. Et invariablement, c'était la lutte du pot de terre contre le pot de fer avec l'issue fatale (pour le pot de terre)
Un pacifiste, Marrot (François Périer) détenant une preuve de ce commerce illégal et prévoyant de divulguer le document auprès d'une association afin de mettre en difficulté l'Etat est brutalement éliminé dans un accident de la route.
Une amie italienne et confidente de Marrot, Marta (Monica Vitti) reprend le flambeau de ce combat difficile mais a fort affaire face à l'Etat français qui cherche à l'intimider. Devant le refus de Marta de "négocier", les représentants de l'Etat (au choix, la DST, le SDECE ou les RG qui ne sont pas nommés) passent à la vitesse supérieure.
Une pléiade d'acteurs connus joue dans ce film :
On a parlé de François Périer en professeur universitaire idéaliste et pacifiste et de Monica Vitti, pas convaincue au départ par la cause défendue par Marrot mais qui, suite à sa mort, s'enflamme comme de l'amadou en souvenir de son ami.
Mais ce sont les seconds rôles qui retiennent mon attention.
Leroi (Jean Yanne), haut fonctionnaire au ministère des armées et négociateur auprès des pays étrangers des marchés d'armes est fantastique dans son cynisme. Même s'il est, au fond de lui-même conscient des conséquences potentiellement dramatiques de ce commerce, il adhère sans difficulté à la nécessité de ce commerce. Le rôle que Jean Yanne interprète est complexe car il fait partie des méchants (il l'assume) tout en préférant bien que les choses se fassent dans la douceur. Il ne perd pas espoir de convaincre. Très belle scène dans la chambre d'hôtel avec Monica Vitti où tour à tour il use du bâton et de la carotte.
Michel Bouquet en patron de services secrets français est tout-à-fait adapté au rôle qu'on attend de lui : cynique, ignominieux, sans scrupule, efficace. Lui, son rôle est simple…
Parmi les autres acteurs, il y a Jean Rougerie dans un rôle de premier ministre ou encore Jess Hahn en agent de la CIA.
De même, dans un rôle quasi muet, de jardinier, on a plaisir à retrouver Georges Chamarat qui, si mon compte est bon, doit être proche des 78 ans.
Le film est intéressant, complètement cousu de fil blanc aujourd'hui. Tout a été dit sur cette problématique entre la survie ou le maintien d'une filière industrielle qui rapporte beaucoup au pays et les fâcheuses conséquences de ce type de commerce dans les pays où sont destinées ces armes (conséquences qu'il est facile de ne pas voir parce que ça se passe ailleurs et loin d'ici)
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films d'André Cayatte
Créée
le 9 mars 2021
Critique lue 295 fois
2 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur La Raison d'État
Cayatte condamne la cynique mécanique d’un pouvoir sans foi ni loi. Marchands d’armes pour chair à canon, ils sont tous des assassins.
Par
le 10 sept. 2024
2 j'aime
Ce film réalisé par André Cayatte en 1978 est une vertueuse dénonciation de l'implication (scandaleuse) des Etats dans les ventes d'armes illicites à des pays tiers voire à des groupes de...
Par
le 9 mars 2021
2 j'aime
2
A cette époque (années 70 et un peu au delà), le cinéma se mêlait encore de ce qui regarde les citoyens : les diverses magouilles des Etats, mises en oeuvre concrètement par des commis et des...
Par
le 6 juil. 2016
2 j'aime
Du même critique
Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...
Par
le 23 avr. 2022
25 j'aime
9
1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...
Par
le 13 nov. 2021
24 j'aime
5
"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...
Par
le 3 nov. 2021
23 j'aime
19