En plus d’être le meilleur film de son auteur, ainsi qu’un de mes dix films préférés de tout les temps, « Walkabout » (La randonnée) (1970) est un magnifique récit sur la confrontation entre la nature sauvage et le monde moderne, sûrement le plus beau avec « La forêt d’émeraude ». Or le film de Roeg, s’il partage les même thématiques que celui de Boorman, reste plus pessimiste. En effet, la frontière qui sépare la nature et le monde dit civilisé est symbolisé par deux suicides, celui du père à l’entrée du bush, et celui de l’aborigène à la fin du voyage, illustrant l’incompatibilité des deux mondes. Pourtant entre les deux, lors de cette randonnée, s’épanouit une sorte d’Eden retrouvé, une harmonie presque parfaite entre la jeune fille, son petit frère et cet aborigène qui les entraîne dans son périple initiatique. Pour autant la vision de Roeg n’est pas idyllique, la vie dans le bush est belle parce qu’elle est sauvage et cruelle, la grande différence avec la ville, c’est son absence d’hypocrisie, cette hypocrisie camouflé par la technologie et le confort, ces chasseurs bien à l’abri derrière leurs fusils à lunette, ces arbres classés et étiquetés dans les parcs, ces piscines chlorée en bord de mer… La jeune héroïne, transformée après son périple, se retrouve confronté à ces deux choix de vie. La mise en scène et le montage de Roeg, splendide et d’une richesse rare, font de « Walkabout » un film dont les thématiques sont plus que jamais d’actualité, une œuvre qui se bonifie avec le temps.