A l'instar d'Apocalypse Now de Coppola ou Fitzcarraldo de Werner Herzog, African Queen fait partie de ces films qui sont entrés dans l'histoire du cinéma autant pour leurs qualités artistiques que pour les circonstances invraisemblables de leur tournage. Imaginez: en 1950 John Huston, réalisateur connu pour ses excentricités, entraîne deux des plus grandes stars hollywoodiennes de l'époque au cœur de la forêt tropicale et leur fait descendre une rivière infestée de bestioles en tous genres. Et histoire de compliquer encore les choses, il décide de tourner son film en couleurs, alors que l'essentiel de la production de l'époque était encore en noir et blanc. C'est donc muni d'une gigantesque caméra Technicolor maniée par le grand chef opérateur Jack Cardiff que Huston et toute son équipe vont affronter la dure réalité africaine: dysenterie, moustiques, sangsues et autres fourmis géantes. Des conditions extrêmes qui ont eu pour effet de développer une magnifique complicité entre Bogart et Hepburn, une entente qui transpire (c'est le cas de le dire) dans chaque plan de ce mythique film d'aventures truffé de séquences comiques inoubliables.