La Reine des Neiges
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La Reine des Neiges

Long-métrage d'animation de Lev Atamanov (1957)

Après avoir parlé de La Bergère et le Ramoneur, Le Roi et l'Oiseau, Marina la Petite Sirène, La Petite Sirène, Le Petit Soldat et Le Petit Soldat de Plomb, je m'attaque à une énième adaptation d'un conte d'Andersen à savoir La Reine des Neiges.

Non pas la version Disney adaptant librement et délivrement le matériau de base mais à la version russe plus proche du conte d'Andersen.

Il fut un temps où il existait une émission appelée Les Contes de mon enfance des Studios Soyouzmutfilm aujourd'hui disparue. De nombreuses histoires furent adaptées dont celle de La Reine des Neiges étant encore la plus connue à l'heure actuelle.

Dans celle-ci, une petite fille nommée Gerda part à la rescousse de son ami (enfin, le mot paraît être un euphémisme vu que leur relation semble être bien plus que ça) enlevé par la Reine des Neiges après que l'enfant se soit moqué d'elle.

Le conte est l'exemple-même de ce que représente "Ce n'est pas la destination qui compte mais le voyage."

Le principal intérêt du film n'est pas le sauvetage de Kai mais de voir le parcours/l'aventure de Gerda et ses rencontres avec de nombreuses adjuvantes et opposantes.

Princesse, Sorcière, Oiselle, Voleuse, Guérisseuse... avant d'arriver à l'ultime ennemie: La Reine des Neiges.

Et qu'est-ce que ça vaut tout ça? Et bien, c'est un film très plaisant. Joli, ressemblant plus à une gigantesque peinture en mouvement qu'à un film d'animation avec des personnages toutes plus charismatiques les unes que les autres.

Plus particulièrement la petite fille chef d'un clan de brigands.

Pourquoi je dis toutes et non pas tous? Et bien tout simplement parce qu'à part un corbeau et un renne qui sont mis en avant dans l'intrigue, les rôles masculins sont minimisés et limités à de la figuration.

De plus, le seul personnage masculin vraiment connu du conte est Kai, réduit au rôle de demoiselle de détresse tandis que Gerda a le rôle du sauveur héroïque.

Cette inversion des rôles était assez fréquente chez l'auteur du conte. En dehors de La Reine des Neiges, l'héroïne de Les Cygnes Sauvages, Elisa, devait également sauver ses onze frères transformés en cygnes par une sorcière marâtre.

Il faut dire que chez Andersen, il y a très peu de héros et beaucoup d'héroïnes. Et encore, contrairement à ses nombreuses héroïnes qui agissent, les héros sont, en général, passifs et subissent les évènements qui leur arrivent.

On peut par exemple citer Knoud de Sous le saule dont le protagoniste reste cloitré dans sa ville natale attendant encore et toujours la femme qu'il aime sous un saule sans agir par lui-même.

Mais revenons sur La Reine des Neiges. Gerda est une protagoniste assez intéressante.

https://www.youtube.com/watch?v=074m_N8F0PI

Elle agit comme une véritable enfant, c'est-à-dire avec une certaine naïveté tout en restant lucide, active et déterminée. Le fait de la voir refuser de renoncer à sa quête alors que certaines lui conseillent du repos, parfois à juste titre, renforce son caractère courageux admirable; aspect que l'on aimerait voir plus souvent chez des personnages féminins car, malgré le fait qu'il y ait eu le girl-power et que la société ait progressé, on manque, hélas, encore d'héroïnes fortes.

Puisque nous avons parlé de l'héroïne, parlons de la méchante donnant pourtant son titre à l'histoire: la Reine des Neiges. Loin des méchants dit classiques aimant martyriser les protagonistes tout en cherchant à atteindre un but par des méthodes plus que discutables, la Reine des Neiges est une femme glaciale aussi bien au sens propre qu'au sens figuré. Froide, calme, parlant souvent d'une voix douce et maternelle, elle n'en est pas moins imposante dans sa manière d'invoquer de nombreux blizzards et tempêtes enneigées d'une voix grandiloquente.

Maintenant que nous avons parlé des personnages, parlons de leurs voix. Il faut savoir que ce film a connu deux doublages. Les deux se valent et sont aussi bien l'un que l'autre malgré quelques défauts.

Dans le premier doublage, Kai est doublé par Maik Darah lui donnant une voix d'enfant crédible et naturelle alors que dans le deuxième, Luq Hamet lui donne une voix caricaturale et assez désagréable à entendre. Comme quoi, la voix française officielle du pauvre Michael J.Fox ne peut pas être parfaite à tout moment.

En ce qui concerne Gerda elle-même, ses deux interprètes se valent. Isabelle Ganz et Sylvie Jacob font toutes les deux du bon boulot et rendent Gerda authentique à leurs manières.

Mais si vous vous contentez du premier doublage, vous manquerez une Reine des Neiges imposante et dominatrice doublée par Catherine Deneuve s'éclatant à jouer une méchante provoquant la peur d'une voix aussi glaciale que doucereuse.

Toutefois, on peut regretter le fait que la confrontation finale entre Gerda et elle soit si brève alors qu'il y avait du potentiel pour qu'elle dure longtemps.

Il est, toutefois, dommage qu'il n'existe aucune information sur sa première voix française car son interprétation était également très bonne.

Cependant, malgré le fait que les deux doublages soient très bons, il y a quelques hics dans le premier qui, heureusement, ont été corrigés dans le deuxième. En effet, dans le premier doublage, les noms originaux avaient été changés sans la moindre raison; par exemple, Kai s'appelait Hans et Gerda s'appelait Jerda.

Ceci dit, le deuxième doublage n'a pas fait exception à cet aspect vu que le nom d'un corbeau est passé de Corax à Carson.

En ce qui concerne la musique composée par Artemi Avazian, celle-ci se contente de faire son boulot de musique à ambiance sans chercher à créer quelque chose de vraiment authentique. S'il y a bien un leitmotiv, celui-ci est assez mou et est loin d'être mémorable.

Toutefois, malgré ces quelques défauts, le film est très agréable à regarder et mériterait d'être plus connu.

Regardez-le d'urgence!

BlackBoomerang

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