C'est pas vraiment nul, le problème c'est qu'il n'y a pas une once de cinéma là-dedans. Pas une image, pas un souffle. Rien. Que du scénario, que le cinéaste déroule à coups de plan en oubliant de les habiter, de faire rebondir des choses à l'intérieur d'eux. Au début du film, Nicloux filme des doigts sur un piano. On pourrait donc dire que tout, là-dedans, ne tient sur une seule note. Tout reste propre, lisse, d'un académisme qui joue la sobriété. Mais la sobriété n'est pas le refus de l'éclat, c'est l'éclat diffusé dans la douceur, qui hante progressivement l'écran. Mais il n'y a pas d'éclat dans ce film. Il y a un script mis en images avec des acteurs qui s'impliquent et des beaux costumes. C'est tout. A un instant, le film se prend à devenir un peu foufou, veut s'emparer de quelque chose qui lui échappe, qui excède le plan : c'est le personnage d'Huppert en mère supérieure tarée et fantasque. Mais ça ne peut pas se fondre dans le film, sa folie ne peut pas l'irriguer. L'actrice n'est pas regardée. Ou plutôt : elle est regardée comme quelqu'un qui joue la folie, jamais comme une folle. Elle est une actrice, pas un personnages. Parce que le film ne veut pas d'elle, et le cinéaste non plus. Nicloux se dit : vous comprenez, c'est Huppert, voyons comme c'est une grande actrice ! Sauf que Huppert n'est plus une actrice, elle joue dans son coin en cochant sur sa feuille d'actrice sa nouvelle performance-évènement pendant que le réalisateur soigne l'éclairage porté sur elle : mère supérieure tarée, fait.