Le meilleur des Frankenstein de la Hammer

On peut considérer que, dans la série des Frankenstein réalisés par la Hammer, La revanche de Frankenstein est le plus intéressant et le plus abouti. Sur le fond d’abord, parce que le film résout génialement la question : qui, du créateur ou de la créature, est le monstre ? On sait que la Hammer, contrairement à la Universal, fait du Docteur Frankenstein, et ce dès le premier film de la série, un savant cynique et sans scrupule pour qui la fin justifie tous les moyens, y compris le crime. On sait aussi que beaucoup ont souvent confondu la créature et le créateur, appelant le monstre du nom de son créateur. Ici, le tour de génie de Fisher et de son scénariste Jimmy Sangster, est de faire que Frankenstein soit à la fois le créateur et la créature, le monstre et son créateur ne faisant donc, à la fin du film, d’une réjouissante immoralité, plus qu’un ! Du point de vue de la forme, le film est aussi superbe, et on retiendra particulièrement cette géniale ellipse qui nous fait passer, au niveau de l’image, de la chute de la guillotine qui va décapiter un curé, à un verre de vin rouge et, en même temps, au niveau du son, de ce qui semble être un épouvantable cri de terreur à un formidable éclat de rire. Tous ces éléments, et bien d’autres, sont remarquablement analysés dans les excellents bonus de l’édition ESC, et notamment dans l’analyse très pertinente (comme d’habitude) de Nicolas Stanzick. Il est aussi intéressant de noter, puisqu’on accuse souvent la critique « intello », d’avoir méprisé, par le passé, ce genre de films, que Jacques Lourcelles, dans son Dictionnaire du cinéma, remarque déjà toutes ces particularités et fait un très bel éloge du film.