On l'avait déjà bien aimé dans notre enfance, jamais revu depuis, et on a décidé de s'y re-pencher en voyant la division "adorateurs / écœurés" tranchée que cet opus provoque (outre nos collègues qui partent en véritables séances du Sénat à la moindre évocation du titre, on peut citer les récents podcasts radio La Saga et Shitlist qui en font respectivement la meilleure et la pire suite de la saga...). Alors, cette Revanche ? On va se faire l'Avocat du Diable : on a (de nouveau) succombé. Évidemment, on ne cherche pas à atteindre la qualité du premier opus de Wes Craven (qui, pour nous, reste un chef-d’œuvre absolu), mais justement à l'approcher sans verser dans le copier-coller : toutes les règles changent, et c'est exactement ce qui a déplu à la majorité des spectateurs déçus ("pas touche à l'original"). Ce à quoi on rétorquera que dans un genre de l'épouvante qui se complaît à faire des suites identiques (au point qu'on ne sait plus quel numéro elles ont...), qui n'osent plus prendre aucun risque (on peut étendre cet argumentaire aux films grands publics actuels...), on revit littéralement quand un réalisateur remonte sa ceinture pour faire une suite qui ose attaquer en-dehors du rêve ("ô sacrilège ultime"... Mais c'est Wes Craven qui l'a écrit, si l'on peut se permettre), gorgée de sentiments (on a vraiment pitié de ce jeune garçon qui est possédé par Freddy malgré lui, et souffre autant que ses victimes), avec des sous-entendus d'une tendresse infinie sur les premières relations sexuelles (beaucoup y voient de l'homosexualité, pourquoi pas, pour notre part il peut aussi s'agir d'un jeune homme qui a "une panne" côté féminin lors de sa première fois, panique, et ne sait plus trop quoi penser, vogue entre les deux genres en attendant de se définir - ou justement de ne pas se définir). On est peut-être trop romantique pour cette saga, comme ce Freddy 2 qui tente de se mettre à hauteur des ados qui fleurissent, qui reprend le mythe du Loup-Garou luttant pour ne pas tuer sa Belle (ce que Lon Chaney Jr. faisait de son monstre si triste et beau à la fois) avant que le cinéma n'en fasse une créature purement psychopathe, tout en nous offrant entre deux sentiments quelques scènes d'effroi efficaces (le corps qui se déchire dans la chambre du pote, on ne l'oublie pas). Le niveau de terreur en pâtit forcément, mais on se prend d'attachement pour ce jeune garçon qui découvre ses attirances (quelles qu'elles soient, le film reste vague, donc vous n'aurez pas tort dans tous les cas) et lutte pour ne pas finir par griffer ceux qu'il aime, avec un joli combat final... Un film qui a du coeur pour les monstres tristes et beaux à la Lon Chaney Jr., qui ose tout changer des règles établies, avec un Robert Englund qui continue de s'éclater, avec une scène de body-horror dans la chambre du pote qui marque, et qui place en miroir de l'horreur un discours sur la sexualité qui effraie à l'adolescence... Votre Honneur, on plaide coupable : on a vraiment aimé ce Freddy 2.

Aude_L
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le 24 oct. 2022

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