Qui a dit que les nanars rendaient incultes ? Grâce à La revanche de Samson, j'ai appris que la devise des Pays-Bas était en français dans le texte. En bon ignare des mythes religieux, j'ai également découvert l'histoire de Samson et Delilah, ici revisitée très librement dans un gloubi-boulga de références qui convoque également les mythologies grecques et asiatiques.
Ca commence fort avec comme souvent dans le monde du nanar, un thème d'ouverture totalement mémorable, rythmé comme du Moroder, épique comme du Morricone, kitsch comme du Vangelis.
Nous faisons connaissance avec le héros, Daman. Sur la jaquette, il ressemble à un Dolph Lundgren au sommet de sa forme. En vrai, c'est plutôt Benjamin Biolay en pleine réaction allergique et coiffé d'une botte de foin.
Bref, nous sommes dans un bled paumé de l'Indonésie colonisée et notre bon Daman est un gars bien balaise qui pète des montagnes en polystyrène, et s'entraîne au combat avec un balai dans le derche, avant de partager avec son mentor le souvenir ému du viol de sa mère par un soldat néerlandais.
Patatras, voilà qu'il sauve pas la vie de Delilah, fille du général néerlandais en poste dans la région. Delilah, dont l'allure n'est pas sans évoquer la grâce des plus célèbres travelos philippins, décide, pour remercier Daman, de l'appeler Samson. Parce que.
Mais voilà, du coup la nouvelle se répand que chez les autochtones il y a un mec plus fort que mon cul, et ça ne plait pas des masses au général qui décide d'envoyer des sbires en carton pâte pour tenter de neutraliser Daman-Samson.
Devant les échecs répétés, Delilah se propose finalement de piéger elle-même Samson grâce à ses charmes légendaires - aussi légendaires que le Père Noël et la dignité de Morandini. C'est pas gagné d'avance, mais Samson a une faiblesse. Non, ce n'est pas sa chevelure, c'est juste qu'il est con comme un manche et qu'il change d'avis plus vite que de perruque. S'ensuit donc un dialogue qui ressemble à peu près à ça :
"- Samson, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
- J'ai pas trop confiance et t'es un peu une pute.
- Mais je t'aime, Samson.
- Ah OK.
- On baise ?
- Chez toi ou chez moi ?"
Vient alors LA scène qu'il ne faut absolument pas manquer, LA scène de cul avec de la bouffe, celle qui justifie à elle seule les 4 points que j'accorde charitablement au film, et que j'appellerai "la scène de la banane". Impossible de ne pas pleurer de rire devant le sommet de mauvais goût assumé de cette séquence à l'érotisme foireux, qui a pourtant le mérite visionnaire d'avoir été tournée un an avant celle de "9 semaines et demi", et six ans avant sa parodie dans "Hot Shots" !! Chaque plan sur le sourire niaisissime de Samson (aka Paul Hay, acteur-bodybuilder-ramoneur) est une pépite cinématographique qui rappelle que parfois, faire rire au cinéma, c'est aussi simple qu'une tête de con.
Pendant que Samson est en train de lécher du caramel sur les cuisses de Delilah, ses potes rentrent tranquillou dans la pièce pour lui dire "fais gaffe quand même hein". Malheureusement Samson ne prendra pas en compte ces mises en garde, car il a une autre faiblesse : les travelos philippins. Il se retrouve donc piégé, enchaîné, les cheveux coupés et les yeux crevés.
Heureusement ses potes sont sympas et s'introduisent la nuit dans son cachot. Pas pour le libérer, non. Pour lui ramener des yeux neufs. "Merci les gars, c'est trop sympa, par contre vous avez pas de quoi briser mes chaînes ? Non, bah tant pis, merci, c'est le geste qui comptait."
Mais pas de panique, même condamné à la pendaison, Samson défie les écrits bibliques et s'en remet à Allah qui lui rend sa force (mais pas ses cheveux ni son hétérosexualité). Il parvient ainsi à se libérer et à faire s'écrouler un bâtiment entier sur la gueule des Néerlandais. Samson se prend quand même au passage un gros morceau de façade dans la gueule, c'est gratuit, ça mange pas de pain (et c'est aussi à se pisser de rire même si l'acteur a probablement passé l'année suivante en rééducation). Puis il réécrit sa légende et s'en va épouser sa dulciné(e) sur une hypothétique terre progressiste.
Culturisme et culture, même combat.