C'est une immense fresque que proposent Robert Enrico et Richard T. Heffron avec La Révolution française, produite pour fêter les deux cents ans des événements qui ont mis fin au règne de Louis XVI sur la France.
Divisée en deux longues parties distinctes, Les années lumière et Les années terribles, respectivement réalisé par Enrico puis Heffron, l'oeuvre se veut respectueuse de l'Histoire et, avec l'aide d'un immense budget, tente de recouvrir l'ensemble des événements et personnages importants de la révolution. C'est d'ailleurs là qu'elle trouve ses qualités, à l'exception de quelques aspects (notamment ceux de la Vendée), on se retrouve face à une fresque qui n'élude que peu d'éléments de cette période, et rien que cet aspect-là suffit à la rendre captivante, surtout qu'elle est, dans l'ensemble, plutôt efficacement mise en scène.
Le problème ici, c'est que les qualités se ressentent énormément dans les défauts, où l'aspect documentaire empêche à l'oeuvre de prendre une dimension lyrique, intense et forte, où l'on ressentirait vraiment le poids de la révolution sur tous les protagonistes. Les deux parties sont captivantes mais jamais réellement transcendantes comme une fresque de cette ampleur devrait l'être.
On peut aussi reprocher à *La Révolution française" de ne guère aller plus loin qu'une reconstruction historique, et il n'y a pas de réelle réflexion en plus de celle proposée par l'Histoire, si ce n'est, vaguement, sur l'humain, l'aspect cruel mais aussi manipulateur, à l'image des changements faciles d'idées de la foule (que ce soit le peuple en général ou dans les conseils). On finit même, lors de quelques séquences, par avoir de la compassion pour la famille royale qui va vivre une véritable descente aux enfers, alors qu'on peut aussi, par exemple, voir les failles des parlements où il y a plus de cris ou de vindictes populaires que de réelles réflexions.
Les deux parties sont sensiblement de même qualité, avec une véritable continuité entre les deux. La première met vraiment en place les enjeux de cette révolution, et la façon dont, au début, la fin de la monarchie n'était pas souhaitée, tandis que la seconde met vraiment l'accent sur la période de la Terreur. Dans les deux cas, c'est plutôt efficacement mis en scène, les personnages sont soignés et les auteurs n'hésitent pas à aussi mettre en avant la vie privée de ceux-ci, tentant ainsi de les rendre plus humains, vulnérables même.
L'une des forces de La Révolution française se trouve évidemment dans la reconstitution et les décors, qui sont ici parfaits et surtout immersifs. On se retrouve plongé au cœur de la foule pour vivre des événements teintés de liberté, de sang ou encore de manipulation. La photographie naturelle est assez adéquate, tandis que les deux réalisateurs s'appuient sur un casting cinq étoiles, avec notamment Klaus Maria Brandauer en Danton, Andrzej Seweryn en Robespierre ou encore Jean-François Balmer en Louis XVI qui parviennent à tirer leurs épingles du jeu.
En signant La Révolution française, Robert Enrico et Richard T. Heffron disposent d'un gros budget ainsi qu'un prestigieux casting pour nous faire revivre les événements fondateurs de notre ère, et si tout n'est pas parfait, notamment un côté trop scolaire, ça n'en reste pas moins efficace et passionnant, surtout grâce à un tel sujet.