Il semble que je sois la première victime de cette aberration cinématographique à témoigner de son épreuve ici. Bon ben, puisqu'on m'attend, commettons nous.
La pire déception de ce film bizarre - dans le pire sens- c'est le gaspillage de talents reconnus (Bibi Andersson, Jean Piat, Geneviève Fontanel) et de les voir essayer de récupérer le peu de substance d'un mauvais scénario de boulevard et de l'élever en vain au rang des films plus achevés auxquels ils sont habitués.
Blanche (Andersson) et Pierre (Piat) forment un couple marié ou l'amour est encore vivant. Sauf que Pierre a compliqué son existence en en aimant une autre, sa maîtresse Claire (Fontanel) qu'il voit sur une base fréquente. Le film dévoile très tôt ce détail via l'écoute fortuite par Blanche d'une conversation téléphonique entre Pierre et Claire. Au lieu de confronter son mari, Blanche va s'immiscer dans l'affaire de Pierre en usant d'un grossier stratagème qui lui permettra de l'humilier.
Sans dévoiler l'issue de l'histoire, disons simplement qu'en fait d'intrigue, on reste plus plus souvent sur notre faim, bien que grâce à Paul Gégauff, auteur des dialogues, les 3 personnages sont bien campés, j'ai pu conserver de l'intérêt jusqu'à la fin. Fin particulièrement décevante. On ne doit briser le 4ème mur - ici, avec Bibi Andersson qui nous regarde en faisant un clin d'œil supposément entendu- qu'uniquement si le procédé est cohérent avec le ton et la forme d'un film.
Or, ça n'est pas le cas - ou l'est-ce? L'ennui avec 'La rivale', dirigé par Sergio Gobbi, c'est que le film se cherche constamment, oscillant maladroitement entre la comédie vaudevillesque et le drame romantique. On ne réussit à se décider qu'avec le clin d'œil de Bibi. Un peu trop tard, car le film est fini.
Je dois donc a posteriori le juger comme une comédie romantique, et pour ce que le metteur en scène a voulu en faire, et selon ma perception de spectateur. Dans les mains d'un autre directeur, e.g. Woody Allen, qui eût pu en faire un petit bijou - et dont "La rivale" rappelle le style, l'humour en moins - un scénario, ce film aurait pu éviter son échec lamentable. Le potentiel est là, avec la causticité habituelle de Gégauff, mais pas le produit final.
En somme, 'La rivale' tente de narrer la revanche lentement orchestrée d'une femme trompée tissant savamment une toile pour capturer son mari sans avoir décidé de le laisser. L'existence de ce film est un secret bien gardé pour une bonne raison: il nous laisse sur notre faim mais seulement au bout d'une longue et lente chaîne d'apéros. J'ai rejoint les rangs de ceux qui sont sortis de cette expérience ni enchantés, ni déçus: juste incroyablement indifférents.
Alors tous ceux d'entre vous qui avez inscrit ce film dans votre liste de choses à voir avant de mourir, je vous aurai avertis. N'espérez rien de ce film : ni des démonstrations du talent immense des acteurs impliqués, ni de l'entrain d'une comédie romantique qui sait ce qu'elle a à faire. Rien qu'un bon vieux fiasco qui n'a même pas l'atout supplémentaire d'être un bon nanar…