Ce n'est vraiment pas le sujet qui est problématique : Dominique Marchais nous balade au fil des eaux de rivières appartenant aux Pyrénées-Atlantiques (appelées gaves) et entendait nous faire partager la beauté des lieux ainsi que des témoignages d'acteurs locaux, pêcheurs, agriculteurs, et autres. Avec en ligne de mire la sensibilisation à une problématique majeure qui semble largement sous-estimée à l'échelle nationale, la raréfaction de la ressource en eau, tant en quantité qu'en qualité.
Mais franchement, c'est presque un exploit d'être parvenu à faire des images aussi moches de ces cours d'eau et de ces montagnes. C'est juste incroyable. Des plans qui s'éternisent et qui ne montrent franchement pa grand-chose, des plans ratés qui balayent des paysages de manière très disgracieuse... Un vrai carnage qui laisse penser qu'il aurait été possible de faire un film d'une heure bien plus engageant.
Marchais n'accroche pas sur la composante esthétique, mais sur le plan intellectuel ce n'est guère mieux en réalité. Le parti pris de ne présenter ni les intervenants ni les lieux traversés introduit une somme de confusions vraiment très désagréable, contribuant à un film brouillon empêtré dans sa bonne volonté radicalement insuffisante. On nous parle de choses intéressantes, épisodiquement (toutes les personnes ne manifestent pas la même pertinence), l'évolution dramatique de la population des cours d'eau, les différentes altérations (température, pollution, niveau), et tout ce qui a trait au cycle de l'eau bouleversé par l'activité humaine. Mais franchement, cette séquence montrant des militants qui récoltent des déchets plastiques à la pince à épile, quelle vaste blague... Alors qu'à côté de ça, il y a des séquences extrêmement enrichissantes par exemple sur l'étude des otolithes, l'oreille interne des poissons (qui permettent après traitement de retracer sa vie un peu comme les cernes d'une coupe de tronc d'arbre). Le procédé est épuisant, le résultat terriblement décevant.