Je finis mon cycle Douglas Sirk avec un noir et blanc somptueux, sculpté comme un marbre grec, qui pousse jusque dans ses derniers retranchements la logique du mélodrame. La Fatalité a frappé le personnage joué (très correctement, je retire tout ce que j'ai pu dire sur son interprétation dans Écrit sur du vent...) par Dorothy Malone, qui brûle d'amour pour un homme qui la délaisse, voire la méprise. En réalité ledit bonhomme est un personnage tourmenté, consumé par ses propres passions, notamment l'aviation. Tout ce petit monde boit beaucoup trop pour être heureux, de toute façon... Même le journaliste incarné avec beaucoup de classe et de talent par Rock Hudson, qu'on a connu dans des rôles bien moins gratifiants, se débat avec ses démons personnels. Un quatrième larron, plus secondaire vient compléter une fois encore ce quatuor amoureux, qui va droit à sa perte. Le tout dernier rebondissement n'efface pas cette impression d'avoir assisté à l'accomplissement d'une malédiction tragique... du Steinbeck ou presque. En tout cas, un film remarquablement maîtrisé, à l'image et à la musique délectable, qui traque les failles de nos caractères comme peu d'autres ont su le faire : soumission et autodestruction emportent les personnages dans une ronde infernale que l'aube échoue bien souvent à illuminer...