On est chez Jean Rollin, donc forcément on ne s'attend pas à quelque chose de normal ni même de bien intelligible. Mais étonnamment "La Rose de fer" ne verse pas du tout dans la série B bas du front avec de l'horreur à base de zombies ou de vampires, rien de tout ça ici : juste une sorte de poème macabre qui se veut l'illustration d'un texte sur les amours passionnelles et tragiques d'un poète et d'une danseuse.
Le début fait très peur : l'interprétation est très hésitante, Hugues Quester joue très mal (malheureusement il continuera sur ce niveau jusqu'à la fin) l'homme qui tombe amoureux de la belle femme, les enjeux semblent catatoniques, l'horreur soporifique et maladroite dans toute sa splendeur. Sauf que très vite, les deux amoureux se retrouvent pour un pique-nique dans un cimetière (sans raison apparente) et débute à ce moment-là un tout autre récit, onirique, inquiétant, et très mystérieux.
Tout semble se déclencher suite à leur scène de sexe dans un caveau (on a connu plus engageant comme lieu des ébats, mais on sera surpris des capacités de Françoise Pascal à réchauffer l'atmosphère) chargé d'érotisme. Comme si se scellait à leurs corps défendants un pacte maléfique, les enfermant dans le cimetière à la nuit tombée, victime d'un envoûtement étrange. On est dans une série B, et on nous le rappelle assez souvent dans la qualité de l'interprétation, mais tout le reste, l'ambiance, la composition lugubre dans les tombes, fait mouche. La juxtaposition de sexe et d'horreur est très fonctionnelle, c'est une poésie funèbre teintée de décadence dans un style qui serait à la croisée d'un Franco et d'un Dreyer.
On file vers le thriller atmosphérique (de série B, encore une fois, avec une licence artistique peut-être un peu prétentieuse par moments), dénué de trame scénaristique à proprement parler, avec beaucoup de séquences au contenu romantico-ésotérique, mais conduisant tout de même à un poème tourmenté liant l'amour à la mort.