Dans ces films au contexte médiéval, si on n'est pas dans la grande Histoire, ou à l'inverse si on n'est pas dans l'histoire d'amour singulière (comme Le Seigneur de la Guerre ou Promenade avec l'Amour et la Mort ou encore La Rose et la Fleche) et si on est plutôt dans le film d'aventures qui avait cours dans les années 40 ou 50 (tournois, demoiselles en détresse, intrigues et félonies) comme ceux que Robert Taylor rendit plus tard célèbres (Ivanhoé, Les Chevaliers de Table Ronde) on doit être indulgent sur le scénario, car les péripéties sont toujours cousues de fil blanc.
Ici, en plus de l'action qui pêche de ce côté, il y a l'inspiration historique des conflits dont les interprétations sont plutôt primitives.
Mais on peut extraire de positif une nostalgie de la terre natale et le sentiment d'appartenance à l’Angeleterre au delà d'être saxon (pour Tyrone Power et Jack Hawkins) ou d'être un roi normand (pour Michael Redgrave), qui sont plutôt bien traités. Mais c'est peut-être anachronique, une revisite a posteriori du sentiment d'identité nationale anglais qui n'existait pas à l'époque.
Il y a d'autres curiosités dans ce film.
Chaque plan est aussi beau qu'un tableau. La "Technicolor consultant" Joan Bridge fait des prodiges. C'est son premier "on her own" car auparavant elle était restée l’adjointe de Natalie Kalmus pendant 12 ans - cette dame, son mentor, fut la meilleure coloriste d'Hollywood et il n'y a pas un de ses travaux qui ne soit un somptueux Technicolor, qui sauve nombre de films de l'oubli ou de l'ennui intégral.
Orson Welles est le chef de guerre sanguinaire Bayen et il en fait une excellente composition, avec une touche d'ironie bien à lui.
Hélas, Cecile Aubry est ici une "femme enfant" vraiment insupportable : cette erreur de casting manifeste est sans doute due à son très important succès dans Manon de Clouzot l'année précédente (1949).
C'est d’autant plus gênant que Tyrone Power et Jack Hawkins semblent de leur côté bien trop vieux pour les personnages et donc encore plus pour elle.
Tout cela plombe la romance (qui dans ces intrigues est censée être aussi attractive que l'action) au point que c'est tout le film, contaminé en entier si on manque d'indulgence, qui peut sembler désagréable.