Le charme de Woody Allen, c'est de faire des films compliqués avec des dialogues qui vont à 100 à l'heure.
Ici ce n'est pas le cas. On suit gentiment une histoire qui dévide les conséquences d'une idée originale : et si un personnage de film décidait de sortir de l'écran pour aller passer quelques jours avec un spectateur ? Ce spectateur, avec qui nous n'avons pas d'autre choix que de nous identifier, est la jolie Mia Farrow, désarmante de gaucherie et de timidité, et affublée d'un mari alcoolique, joueur, chômeur et tyrannique (l'action se situe pendant la grande Dépression).
Il y a des passages très drôles. Notamment les personnages laissés en plan par celui qui est parti, qui ne peuvent pas continuer l'histoire, et donc regardent les spectateurs dans le blanc des yeux et commencent à les insulter. Les spectateurs sortent excédés et demandent à se faire rembourser, mais quelques autres viennent au contraire, parce que le côté expérimental leur plaît. Il y a aussi la scène où Tom Baxter discute avec des prostituées, qui est très drôle. Et les spéculations autour du fondu au noir qui suit tout baiser et tient lieu de sexualité pour les personnages de cinéma.
Par contre les intrigues amoureuses avec Mia Farrow sont un peu niaises, à l'image du personnage de Tom Baxter. Ce n'est pas à cause des acteurs, que je trouve tous excellents. C'est un plaisir de voir Jeff Daniels avec un casque colonial vissé sur la tête, et le mari, Daniel Aiello, est également excellent. La reconstitution de film des années 30 est également très réussie.
Non, ce qui me gêne un peu, c'est que Allen manque d'ambition. Il veut simplement faire une comédie légère, qui fait quelques bulles et fait passer un bon moment, comme le champagne du club Copacabana, et rien de plus.