Nous sommes en 1931, le western a déjà une longue décennie derrière lui. Il s'apprête à connaître la gloire avec la Ruée vers l'Ouest : l'oscar du meilleur film (il faudra attendre 1993 et Impitoyable de Clint Eastwood pour qu'un western ait de nouveau les honneurs de l'académie, les chiens). Une gloire éphémère, car du paradis le western va chuter d'un coup dans le purgatoire des années 30, jusqu'à ce que John Ford le ressuscite avec la Chevauchée fantastique en 1939.

Nous sommes en 1931, soit toujours la genèse du parlant. Donc attention peinture fraîche. Le film possède un côté naïf sympathique qui emporte tous les aspects non aboutis. C'est bondissant en diable.

Nous sommes en 1889 et la Ruée vers l'Oklahoma (cf l'album de Lucky Luke), moment toujours jubilatoire où l'ont voit des centaines de pionniers à cheval ou en chariot dans les starting-blocks à attendre le coup de fusil de départ sur une ligne imaginaire.
Là où le film surprend, c'est qu'il vire après plus d'une heure à la fresque historique. Alors qu'on est tranquillement en train de goûter aux joies de la naissance d'une ville-champignon de l'Ouest (tout y passe, l'église, le journal, le saloon, le gunfight...), le récit s'accélère, en sauts de puce : 1893 et la ruée sur le territoire Cherokee, 1907 et la ruée sur le pétrole et 1929, voilà que l'histoire devient contemporaine d'un coup d'un seul. On passe de Ford à Capra sans rien avoir vu venir !

Il est toujours amusant de se rappeler que l'épopée du Far-West est presque contemporaine du début du cinéma, Hollywood apparaissant comme un passage de témoin de la mémoire collective américaine. Dans les années 20, des consultants sur les films avaient participé à l'aventure. Le plus connu d'entre eux était Wyatt Earp.

Tout le blabla des critiques de cinéma pour savoir quel western des années 40 est le premier pro-indien me fait bien marrer. Là on ne peut pas être plus pro-indien, plus explicite, pas de métaphore, mais carrément des discours politiques portés par le héros (Yancey Cravat, quel nom !).
Un héros incarné par un certain Richard Dix, inconnu au bataillon. Ce type est un mystère. Physique assez disgracieux (sorte de Brando moche), mais un charisme et une présence indéniables. Une voix désagréable qui chuinte, mais qui vous transporte. Et quelle énergie ! Diantre, il m'a épuisé à sauter partout, à tout réussir, à partir à la recherche de la moindre aventure.

J'aime beaucoup l'affiche du film. Très lyrique.

PS : Anthony Mann a réalisé un remake éponyme en 1960. Que je vais voir sous peu (http://www.senscritique.com/film/La_Ruee_vers_l_Ouest/critique/21972306).
Pruneau
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le 25 avr. 2013

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