Treize ans ont passé depuis l'insipide et calamiteux "Le protecteur". Hanin est devenu un bien meilleur metteur en scène …
Déjà l'histoire se tient un peu mieux : on est en 1938, période d'avant-guerre troublée par la montée en puissance de ligues françaises et fascistes qui prennent (un mauvais) exemple sur les pays voisins nazis, dont en particulier la Cagoule. Un parrain de la pègre parisienne, patron de plusieurs dancings huppés, lutte discrètement contre le fascisme mais est obligé de louvoyer entre police qui le surveille et cagoulards, en embuscade.
Même si la mise en scène est efficace entre les numéros brillants dans les dancings et les scènes extérieures plus mouvementées, le film vaut surtout pour ses numéros d'acteurs et ses spectacles de danses (la fameuse rumba, la cucaracha, etc) et de chants.
On va y trouver Roger Hanin dans le rôle du parrain de la pègre, comme on le voit souvent, massif et taiseux. Il n'a pas la faconde qu'on lui connait dans les films où il joue des rôles de pied-noir.
Guy Marchand, excellent dans son rôle toujours sarcastique de chanteur, imitateur de Maurice Chevalier (Ma pomme)…
Niels Arestrup, excellent en flic cagoulard et surtout complètement pourri …
Michel Piccoli, ici, dans le rôle onctueux ou insolent, du chef de la Cagoule est à déguster avec ses cheveux gominés et son comportement de petit fonctionnaire besogneux ou de salopard intégral. Du Michel Piccoli, dans le texte …
Il y a même, Lino Ventura, dans un tout petit rôle - presqu'un cameo – pour sa dernière apparition dans un film, engoncé dans un manteau et refugié derrière des lunettes de soleil … mais on reconnait toujours sa voix.
Et on n'oubliera pas Patachou ! dans un rôle de cougar, enfin plutôt de dame un peu mûre cherchant (et trouvant) l'aventure auprès des jeunes danseurs pro …
La musique est sympa. Elle est de Claude Bolling pour accompagner les danses et les chansons. Elle est de Wagner pour l'assassinat de la chanteuse italienne réfugiée par la cagoule (thème de la mort d'Isolde dans le prélude) ou encore lors de la réception mondaine à l'ambassade de l'Allemagne nazie (ouverture Tannhäuser).
Au final, c'est un film honnête et intéressant sans être transcendant que je vais classer parmi les films noirs mais aussi les films musicaux.