La Rumeur
7.7
La Rumeur

Film de William Wyler (1961)

Après avoir fait découvrir au monde entier le talent de la belle Audrey Hepburn dans Vacances Romaines, William Wyler retrouve son actrice fétiche pour le remake de son film Ils étaient trois, sorti en 1936, et version édulcorée de la pièce de théâtre à succès The Children's hour, écrite deux ans auparavant.

Il faut savoir qu'à l'époque, l'homosexualité, et particulièrement l'homosexualité féminine, était un tabou en société. Hollywood était alors sous la coupe du fameux code Hays, qui sévit de 1934 à 1967 et imposait un strict code moral au cinéma, même si les années 60 ont vu sortir plusieurs films dans lesquels le sujet était abordé de façon plus ou moins frontal. On pense notamment à Certains l'aiment chaud, de Billy Wilder, ou a Soudain l'été dernier de Joseph Mankiewicz. Malgré tout, on ressent la gêne du réalisateur à montrer l'homosexualité à l'écran.

Le doute subsiste jusqu'au dernier quart du film quant à la véritable nature des sentiments des deux personnages (de l'un d'entre eux, du moins, sans chercher à spoiler) et l'on reste le plus souvent dans la suggestion. La mise en scène de Wyler est un modèle du genre, sa composition de cadres en trois plans est tout simplement superbe. Quelques soucis liés aux adaptations d'oeuvres écrites subsistent néanmoins, comme l'omniprésence des dialogues (très bien écrits, par ailleurs) et certaines longueurs apparaissent par moment. De plus, il est difficile, dans le contexte actuel, de comprendre certaines réactions des personnages empesés dans la morale de l'époque.

Le duo d'institutrices est incarné par deux actrices au profil, sinon opposé, du moins très différent. D'un côté Audrey Hepburn, radieuse, son célèbre sourire embrasant la pellicule (du moins au début), de l'autre Shirley MacLaine dans un rôle plus sombre et nuancé. Un couple qui fonctionne à merveille, et dont la complicité hors caméra se ressent à l'écran. James Garner complète ce ménage à trois avec bonheur. Notons également l'unique prestation de la jeune Karen Balkin, criante de vérité dans son personnage de petite peste.

Plutôt osé, voire sulfureux pour l'époque, ce drame n'a en rien perdu de sa puissance évocatrice, dénonçant avec ferveur les préjugés d'autrefois que l'on souhaiterait voir enterrer, et blâmant un Hollywood puritain qui aura sans doute empêché bien des chefs d'oeuvre de voir le jour.
Hyunkel
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Son sourire vaut plus que tous les diamants de chez Tiffany's

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le 20 avr. 2012

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