Autres temps, autres mœurs, les choses ont bien changé depuis le début des années soixante, et on serait tenté de voir "La rumeur" comme un témoignage désuet d'une époque révolue. Mais est-ce que c'est vraiment le cas et est-ce que le film ne parle pas d'une difficulté toujours actuelle et persistante ? William Wyler évoque ici l'homosexualité féminine sans l'aborder frontalement - sans doute pour ne pas froisser les puritains et le code Hays -, mais aussi et surtout la rumeur et les dégâts qu'elle peut causer - on retiendra la gamine infecte, l'une des pires représentations d'enfants de toute l'histoire du cinéma -. Si on est très proche du théâtre filmé et qu'en terme de réalisation il n'y a rien de remarquable à signaler, son casting se montre évidemment à la hauteur. Si "La rumeur" semble très daté par sa manière de présenter les choses, il n'en est pas moins une excellente illustration de son époque, il arrive aussi à nous émouvoir au plus profond dans un final bouleversant où le réalisme des sentiments et des émotions émerge sans tabou.