William Wyler adapte une seconde fois la pièce The Children's Houre signée Lillian Hellman où il va s'intéresser à deux amies qui vont peu à peu être touchées, de plus en plus fortement, par une rumeur d'homosexualité lancée par une des gamines du pensionnat.
Wyler s'attaque donc à des sujets aussi importants que tabous, notamment à l'époque de la sortie du film, et il dresse un fort constat social autour de la population Américaine, pris de panique dès que la rumeur d'une "relation anormale" se propage et prêt à enlever leurs enfants de l'école. Il montre à quel point l'homosexualité était (est?) encore un sujet difficile et pouvant même faire peur. C'est aussi les rumeurs, leurs propagations et effets, qui peuvent être désastreux, et cela il le montre avec grand brio.
Intelligemment, il laisse planer le doute de bout en bout, notamment au profit de l'une des deux amis. Il évite de tomber dans la niaiserie ou la caricature avec ce sujet assez difficile alors qu'il rend important et surtout intense les enjeux dramatiques du récit. William Wyler arrive bien créer une opposition dans les personnages, certains très antipathiques notamment (satanée gamine!), ce qui ne renforce que l'attachement envers les deux protagonistes ainsi que le sentiment d'injustices vis à vis d'elles.
La mise en scène de Wyler est assez sobre et surtout efficace, sachant faire ressortir l'émotion et la force des propos, et il fait preuve d'une maîtrise certaine de sa caméra, ainsi que du montage. Les interprétations sont excellentes, que ce soit les plus jeunes ou plus vieux, surtout Shirley MacLaine et Audrey Hepburn qui donnent une vraie profondeur, intensité et crédibilité à leur personnage.
William Wyler propose avec La Rumeur une oeuvre forte et intelligente, sachant créer un dur et réaliste constat social, tout en s'attaquant aux failles humaines et surtout en sachant créer une vraie émotion autour des personnages.