İlker Çatak tire à boulets rouges sur l’école, indistinctement, dans toutes les directions et avec un grand dédain pour l’institution, une méchanceté gratuite et un inquiétant manque d’empathie. Elle est, il est vrai, loin d’être parfaite, mais une telle vision négative englobant tous ses principaux représentants manque de nuance.
Avec ce huis clos angoissant, dont I. Çatak ne nous fait volontairement jamais sortir, le cinéaste se rapproche clairement du théâtre en enfermant son intrigue dans l’unité de lieu d’un collège allemand et prend le parti de jouer presque exclusivement la note du drame et du conflit – à la manière du cinéma du Dogme95. Sobriété formelle se voulant expressive, en prise avec un réel direct, style vif, nerveux et brutal, il s’inspire fortement de ce courant aux films troublants, choquants, crus, scabreux, dérangeants desquels le spectateur sort soit purgé de ses émotions, soit avec une haine implacable contre l’humanité. De La salle des profs, d’aucuns seront sortis révoltés contre l’institution et tous ses membres – d’autres, dont je fais partie, déçus par cette avalanche d’idées reçues, de manipulations du réel, d’excès et d’invraisemblances. Dans quelle école de telles situations se produiraient-elles ? Certes certaines situations se rapprochent du réel, toutefois le cinéaste les détourne à son avantage pour ridiculiser sa proie pour laquelle il n’éprouve la moindre pitié – plutôt une sorte de hargne revancharde, lui à qui, ainsi qu’à ses camarades garçons, trois professeurs ont demandé d’ouvrir le porte-monnaie sur la table. Son sarcasme fielleux envers la bien-pensance, la tolérance et compréhension excessives d’un côté et l’autorité abusive de l’autre, se trompe de cible à nos yeux et oublie les vrais problèmes à régler. Par ailleurs, la fin du film, qui dénonce l’enfant-roi, ou plutôt l’apprenant au centre de l’enseignement (en non plus le professeur comme avant ou le savoir plus tard) comme l’a décidé l’évolution de la pédagogie, va plutôt à rebours du reste du film et devient de ce fait incohérente.
Un film à charge sans argumentation pertinente.