La saveur de la pastèque est l'un des films les plus étranges que j'ai vu, dans des conditions un peu particulières, ce qui lui donne encore plus de sens. (Le contexte de visionnage influe fortement sur la perception que l'on a d'un film !) J'étais avec my man PolyV au café des images, un chouette cinéma de Caen. Pour je ne sais quelle raison le film n'était pas diffusé dans une des 3 salles habituelles, mais dans le théâtre à coté du cinéma. C'est la seule fois que je suis allé dans cette salle, qui du coup me rappelle des images un peu chelous quand je passe devant.

Faire une critique d'un film que j'ai vu il y a 5 ans relève plus du récit d'imagination, du conte basé sur de vagues images conservées dans ma mémoire et déformées, embellies avec le temps, que du compte rendu objectif au sortir du visionnage.

Le film est tellement irréel, que je me demande parfois si je ne brode pas un peu en me le rappelant. J'avais lu une critique dans les inrocks, et ca paraissait bien coolos. On avait même parlé d'aller à Paris (avec PolyV) pour le voir, parce qu'il passait pas à Caen, mais on avait lâché l'affaire. Puis en fait quelques temps après sa sortie, miracle, on a vu qu'il était programmé au Café (des images, cf dessus), et naturellement on y est allé. Je ne sais plus trop ce que disait l'article des inrocks pour nous avoir donné envie. Ptet que l'affiche nous a incitée aussi. Un mec qui tape un cunni à la pastèque (au sens propre) d'une meuf, c'est quand même une affiche qui a de la gueule !

Je me souviens que le film était particulièrement lent. C'était en partie parce que les personnages évoluaient dans une ville en pleine canicule. Et quand il fait chaud, à quoi pensent les gens ? A boire et à baiser. La pastèque symbolise les deux. Elle est gorgée d'eau, et l'aspect granuleux de sa chaire rouge rappelle le sexe féminin. L'homme qui tape le cunni-pastèque satisfait donc à ses deux appétits, le sexe et l'eau. Il y avait des passages de comédie musicale bien marrantes qui entrecoupaient les scènes. Notamment un type qui chantait avec un parapluie aux couleurs pastèque.

Dans une des scènes finales (voir la scène finale), totalement hallucinante, un acteur porno aperçoit une fille dans l'appartement où un X (on imagine #gonzo) est tourné. Il lui saute soudainement dessus et l'étouffe en lui faisant une #deepthroat, plaquant ça tête contre son ventre.

Je suis bien incapable de retrouver la cohérence (s'il y en avait une) du long-métrage aussi longtemps après, pourtant je m'en souviens comme d'un excellent film. Il me rappel un peu Oncle Boonmee au niveau de l'ambiance. Sa lenteur, sa lourdeur, son érotisme (voir pornographie), sa fantaisie, forme une esthétique détonante qui m'a particulièrement marquée.

J'ai probablement embelli la vérité avec le temps, à force d'en reparler aussi, mais ce coté hors du commun, des codes habituels (en plus c'est un film taïwanais que j'ai vu dans une salle inédite) font de la saveur de la pastèque un des films clé de ma vision du cinéma.
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le 20 juin 2011

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