Dans un film de Tsai Ming-liang, on sait toujours ce qu'on va trouver. Un personnage principal mutique et neurasthénique, toujours joué par Lee Kang-sheng qui a l'air de s'emmerder grave; une fille un peu paumée; beaucoup de misère sexuelle; une BO minimaliste (ponctuée dans ses films plus récents de scènes de comédie musicales); des métaphores aquatiques à donner soif à un chameau; et des rues étrangement désertes, à se demander comment il fait pour les vider le temps d'un tournage alors que Taipei est une vraie fourmilière humaine. Depuis "Les rebelles du dieu néon", la formule avait fini par me lasser.
Et puis j'ai donné sa chance à "La saveur de la pastèque" parce que j'aime bien les titres avec des fruits dedans ("L'odeur de la papaye verte"; "La saison des goyaves", etc.) et, sans en attendre grand-chose, j'ai été plutôt agréablement surpris. Tous les ingrédients habituels sont là, mais cette fois-ci j'ai trouvé la recette réussie. Mention spéciale à la scène finale, à la fois drôle, tendre et poétique.