Roger Moore joue Harold Pelham, un homme d'affaires de la City bien sous tous rapports, une vie familiale comblée, cet homme a tout pour lui. Sauf qu'en rentrant chez lui en voiture, il va vouloir soudainement prendre de la vitesse, rouler à toute allure, et il va avoir un grave accident qui nécessite une opération. Miraculeusement rétabli, il retourne rapidement au travail, et il s'aperçoit que sa vie a changée ; il est reconnu dans des lieux où il n'est jamais allé, il a une maitresse, une voiture grise le suit en permanence... Est-il devenu fou ?
Dans ses (excellentes) mémoires, Roger Moore ne faisait guère état de son jeu d'acteur limité, mais quand il revenait sur sa carrière, il citait La Seconde Mort d'Harold Pelham comme le meilleur film dans lequel il ait joué. D'où sa réhabilitation depuis quelques années alors qu'il n'avait eu aucun succès à sa sortie en 1970, car il montre une facette différente de l'acteur, qui ne jouerait James Bond que trois ans plus tard.
Le procédé rappelle fortement Seconds, dans le sens où les autres le perçoivent différemment, mais le film renvoie constamment à cette idée de folie, où il aurait en quelque sorte une double qu'il ne reconnait pas lui-même. On sent d'ailleurs Roger Moore, présent à chaque plan, investi dans ce rôle assez difficile, où il montre une palette plus large qu'à l'accoutumée, où il va devoir faire face à l'incompréhension de ses proches, ses collègues de travail, pour montrer qu'il est bien présent, et non une image créée par un double. Le tout très bien réalisé par Basil Dearden, qui se permet quelques beaux plans, dont une course-poursuite finale ou une scène en boite de nuit ; si on pourrait associer La seconde mort d'Harold Pelham au mythe du Doppelgänger, il se révèle en tout cas très réussi.
Pour l'anecdote, ça sera le dernier film de Basil Dearden, lequel mourra un an plus tard dans un accident de voiture non loin des lieux de tournage.