Voilà un film bien fascinant pas toujours facile à regarder mais qui donne finalement un peu de baume au cœur. Qui est aussi le genre d'œuvres qui est ouverte à plein d'interprétations différentes. Voici la mienne.
Dans son rôle de patron exigeant, sadique aimant à humilier psychologiquement et physiquement ses secrétaires, une façon d'extérioriser son mal-être sexuel, James Spader, fascinant, poursuit des rôles où la sexualité joue un rôle psychique : dans "Sexe, mensonges et vidéo" où il joue un homme enregistrant les confessions sexuelles de femmes et dans "Crash" : il est un homme excité sexuellement par les accidents de voitures. Il est plus proche de son personnage dans le premier film, car tout aussi perdu sexuellement et psychiquement.
Quand à Maggie Gyllenhaal, 23 ans au moment du tournage, il s'agit sans doute de son premier rôle qui lui permet de s'impliquer autant psychologiquement et physiquement (elle n'a pas été doublée pour la scène des fessées). Elle est remarquable. Au début, son personnage sort d'un hôpital psychiatrique, ayant toujours un goût pour l'automutilation mais qui veut donner un sens à sa vie, se trouver. Ce qu'elle ne pense pas vraiment faire en devenant secrétaire pour un avocat : mais qui sait ? Et puis elle a un petit ami fou amoureux d'elle, mais ce n'est pas non plus trop ce qu'elle cherche. C'est en étant maltraitée psychologiquement et physiquement qu'elle va se trouver, qu'elle va y prendre du plaisir. C'est cela qu'elle veut et à laquelle elle devient accro : ayant besoin de cela, car c'est comme si ce contact physique : ces coups, l'aidaient à expulser son mal-être, en résumé : cela agit comme une thérapie pour elle. Mais ce patron, insaisissable, car tout aussi perdu qu'elle.
Et si cette jeune femme suicidaire et cet homme travailleur s'étaient parfaitement trouvés ?
Car en fait, ce n'est pas qu'une relation sado-maso, non en fait c'est le portrait de deux personnes complètement perdus et cherchant à trouver un sens à leur vie, à ce qu'ils sont.
Le film alterne entre la noirceur psychologique de certaines scènes en contre pied de certaines séquences d'un humour très fin. Et la fin, étonnante, mais peut être pas tant que cela, fait beaucoup de bien.
Je note aussi la mise en scène très élégante du méconnu Steven Shainberg, la musique planante, jazzy d'Angelo Badalamenti qui colle totalement à l'atmosphère ainsi que des chansons - bien que très 2000's. La texture visuelle a un peu vieillit en vingt ans mais j'aime beaucoup cela.
Et pour finir, le doublage français est très bien : la voix pure, assez enfantine de Marie-Eugénie Maréchal est parfaite pour le perso de Maggie Gyllenhaal et William Coryn est très bien pour James Spader (l'ayant déjà doublé dans "Sexe, mensonges et vidéo").
Je ne mets que 7 mais je pense qu'en le revoyant, je mettrais 8, car ce film ne m'as pas vraiment laissé indifférent : le peut-il d'ailleurs ?