Le thriller immobilier pourrait constituer, à n’en pas douter, un sous-genre cinématographique à part entière tant il concentre certaines caractéristiques récurrentes tout en reflétant les transformations des grandes villes américaines et anglaises où il a l’habitude de se dérouler. The Sentinel succède à Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968), sa référence majeure tant par le choix d’un protagoniste féminin que par la thématique du voisinage satanique, métaphore des autres comme Enfer symbolique, exploite bien l’architecture extérieure et intérieure de l’immeuble principal pour en faire le réservoir d’une horreur ténue, d’un sentiment de malaise tenace devant ce prêtre regardant par la fenêtre du dernier étage jour et nuit.
L’originalité du long métrage réside alors dans son refus du motif de l’invasion, mobilisé par Polanski, au profit de celui du refoulement : ce n’est pas tant les voisins qui tyrannisent Allison Parker que les souvenirs détenus à la fois par elle – notamment ceux en rapport avec son père – et par la bâtisse, comme inscrits dans le bois des pièces et du mobilier. L’idée de figurer une cohabitation entre le nouveau et de l’ancien (du point de vue de la génération comme de l’immobilier) constitue un biais intelligent par lequel sonder les forces ancestrales toujours en présence, en l’occurrence ici les forces du Bien et du Mal qui se disputent la souveraineté du monde. Les effusions violentes, mémorables, raccrochent le spectateur à une intrigue sinon confuse et peu crédible, desservie par des retournements de situation grotesques et assez mal amenés. La réalisation énergique de Michael Winner, forte d’un montage au cordeau, assure également le spectacle.