Un excellent Truffaut avec un Belmondo dans un contre-emploi d’une rare subtilité. Il joue la passion dévorante à merveille et Deneuve, tour à tour femme enfant, fatale, pute, naïve, cruelle, désarmante est au sommet de sa beauté. Image de pureté et d’innocence mais d’un machiavélisme extrême, elle semble tendre et attentionnée alors qu‘elle est froide et calculatrice. La dernière chose qu’elle lui dit avant de se barrer avec son fric c’est qu’elle pense à lui, et qu’elle l’embrasse tendrement. A méditer… Ce rôle aux multiples facettes est bien plus riche qu’il n’y parait. Cette histoire montre bien comment les hommes se laissent berner facilement par une belle femme. Il comprend que c’est une menteuse, une voleuse et qu’elle triche avec lui mais il ferme les yeux et veut la croire malgré tout. Louis est attaché à Julie par des liens intellectuels, une conception de la vie commune et de projets de vie à deux, leur correspondance représentait beaucoup pour lui… En rencontrant Marion, même s’il la prend pour elle, il n’y pense plus et quand il apprend la vérité, il reconnaît qu’il adorait les lettres et les échanges à distance qu’il avait avec Julie, qu’il a troqué du définitif pour du provisoire et qu’avec Marion, il ne sait pas où il va. On peut imaginer Julie/Marion sincère dans certaines scènes mais son côté vénale et poule de luxe revient toujours (chassez le naturel…) et l’envie de lui foutre une taloche afin de la faire revenir à des sentiments un peu plus nobles l’emporte rapidement. Elle le mène par le bout du nez et lui se laisse mener par autre chose! Il cède à ses caprices (la couleur de la voiture, le manteau...) Quand il la retrouve par hasard en train de faire l’entraîneuse entre Nice et Antibes, il veut des explications, se venger, récupérer son bien et même la tuer et on le comprend. D’ailleurs, la clinique dans laquelle il est interné n’existe pas et la grille par laquelle il y accède située sur la fameuse promenade des Anglais n’est autre que l’entrée du palais Massena, qui abrite le musée historique de Nice. Il suffit qu’il la voit pour que ses certitudes s’envolent! La scène où ils sont au coin du feu, près de la cheminée est très belle, Belmondo est extrêmement touchant dans ses aveux alors qu‘elle lui répète qu‘elle l‘attend. Elle profite de lui et même s’il arrive à Louis de faire preuve d’un sursaut d’amour propre, (il lui hurle que ce n’est même pas une prostituée mais un « parasite » , une « souris » de « l’égoïsme personnifié » ) il se laisse à nouveau dominer par son désir. Il en est à un tel point qu’il est heureux de tuer pour elle, de mourir par elle…
Te regarder est une souffrance
Je croyais que c’était une joie
C’est une joie et une souffrance
Il souffre mais est dépendant de cette souffrance et elle lui est chère. Elle le rend malheureux mais il ne peut pas (plus) vivre sans elle. Marion joue avec lui jusque dans les moments les plus intimes. Elle ne donne rien pour rien et sait à quel moment lui céder et ce qu’elle en attend en retour. Quand il revient de la Réunion elle ne lui ouvre la porte et son lit qu’après s’être assurée que tout s’était bien passé! Et pourtant elle venait d’enregistrer une belle déclaration sur un disque qui s’est malheureusement brisé. Marion ne s’en émeut pas plus que ça.
Un film dramatique avec des scènes d’une drôlerie assumée (la voiture qui rentre dans un arbre quand Marion se change, …) La blonde est décidément une remarquable donneuse de leçon pour ce qui est de s‘attacher durablement un homme! Je sais de mieux en mieux ce qui plait aux hommes et comment me comporter avec la gent masculine! Tirer un max de profits des sentiments que j’inspire, mentir, trahir, tricher, penser à moi en priorité, à mes intérêts ensuite, ne jouer qu’avec les nerfs de l’homme en question dans un lit (ça peut être très drôle!)
Tout un programme! Merci pour l’enseignement.
Rawi
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le 27 avr. 2013

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