Belle initiative que ce documentaire souhaitant faire la lumière sur le rôle de la SNCF durant l'Occupation. La première moitié m'avait d'ailleurs mis dans d'assez bonnes dispositions : un regard relativement critique, notamment sur les dirigeants, l'ouverture des archives de l'entreprise permettant un regard objectif et concret sur les agissements des uns et des autres, ayant clairement plus d'influence que l'immense majorité des français (notamment sur les transports de personnes). L'occasion d'apprendre des choses, de retenir quelques noms, les archives manquant de force mais n'illustrant pas trop mal l'époque, tout comme certains témoignages, dont quelques-uns s'avèrent vraiment forts.
Alors pourquoi s'éloigner autant du cœur du sujet par la suite ? Beaucoup de propos généraux, tenant plus d'une analyse globale que se rapportant vraiment au sujet, ayant beaucoup de mal à trouver le ton juste, que ce soit par la profusion d'intervenants de plus en plus anecdotiques que de choix d'images peu percutants, le commentaire presque neutre d'Isabelle Carré manquant d'émotion malgré sa belle sobriété. On a l'impression que le documentaire se veut critique sans l'être tout en l'étant mais pas trop, quand même... Du coup, cela a vraiment tendance à se répéter, exonérant en grande partie les cheminots (à tort ou à raison) tout en reconnaissant quelques fautes morales et une « résistance » peu répandue mais « pas moins qu'ailleurs en France »...
Sur le fond, pourquoi pas : en effet, pas réellement de raisons que le milieu se soit plus opposé que la moyenne aux allemands, mais sur la forme, c'est maladroit, cette indulgence sonnant presque comme un aveu de faiblesse, à l'image de l'utilisation à tort et à travers de « La Bataille du rail », où seule la conclusion trouve le ton juste : exaltant une SNCF entièrement résistante à tous les échelons, ce triomphe commercial s'explique avant tout par l'idée que c'était le discours que la France d'alors souhaitait entendre au détriment de la réalité historique. Peut-être aurait-il fallu commencer par là, creuser ce sillage. En attendant, si je ne regrette par d'avoir regardé cette « SNCF sous l'Occupation » m'ayant permis de me dégrossir sur le sujet et faire un point concret sur l'attitude de cette dernière durant la guerre, je ne peux m'empêcher de trouver cette eau tiède, manquant de point de vue et n'osant pas vraiment prendre parti : courageux, mais pas trop.