L'ivresse du pauvre
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le 22 avr. 2022
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J'ai déjà écrit une douzaine de critiques sur des films de Gérard Oury. Il m'en reste trois à faire. Je terminerai par ce que je considère comme un de ses meilleurs films (Rabbi Jacob) Mais auparavant, il faut que je revoie "la soif de l'or" et "fantôme avec chauffeur". Pour aller crescendo vers le meilleur, il faut commencer par le pas terrible "la soif de l'or".
Ce n'est pas vraiment un jugement a priori mais, eu égard aux très bonnes comédies de Gérard Oury, j'estime que si, jusque-là, je n'ai pas trop aimé "la soif de l'or", c'est qu'il m'avait peut-être échappé un point essentiel.
Dans la filmographie de Oury, "la soif de l'or" vient après le film daubesque "vanille fraise" que je n'ai pas du tout apprécié et où j'avais trouvé que Oury avait un peu touché le fond (surtout avec une histoire basée sur l'aventure du Rainbow Warrior).
Là, le sujet est un peu plus innocent puisque c'est l'histoire d'un chef d'entreprise radin qui veut placer sa fortune en lingots d'or en Suisse. L'idée de départ n'est pas si mal et est même intéressante. Elle a même été très bien traitée par Oury dans le film "la carapate". Mais, ici, elle est trop brute de fonderie car Oury loupe une dimension qui pouvait être comique et dynamiser un peu plus le film en travaillant la relation Clavier/Catherine Jacob qui sort un peu ex nihilo. En effet, on apprend progressivement que Catherine Jacob est à la fois l'épouse de Clavier et co-chef d'entreprise, un agent du fisc et l'amante du chauffeur de Clavier. On en a rajouté pensant bien faire ou parce que certains gags le nécessitaient. Outre le fait que tout ceci n'est guère crédible, le risque de charger les personnages, c'est de les bâcler et surtout de brouiller les messages. Par exemple, le scénario ne fait pas grand-chose de "l'état" d'agent du fisc de Catherine Jacob. Au contraire, le personnage s'avérant cupide, il y a incompréhension du spectateur. Non pas qu'un agent du fisc ne peut pas être cupide. Simplement on attend un autre type d'action de la part d'un agent du fisc. Sans parler de la vraisemblance d'être à la fois un agent du fisc et patron.
En termes de mise en scène, il y a ce travers du comique de répétition qui est bien pratique pour meubler quand on n'a pas grand-chose à dire : la scène du billet de cinq cent balles qui s'envole en pleine place de la Concorde (je crois) est beaucoup trop longue ; même chose sur la scène des destructions de maisons à la fin : c'est non seulement pas amusant mais excessif.
Une comédie repose sur un scénario mais aussi sur la distribution.
Commençons par Clavier. Une question pourrait être : est-ce que Louis De Funès aurait fait mieux ? Mon (intime) conviction est de répondre non en l'état des choses. Là, De Funès aurait été la seule vedette et aurait aussi beaucoup cabotiné. J'ai toujours trouvé que De Funès pouvait faire preuve de "subtilité" si le scénario le mettait en situation d'être challengé par d'autres personnages d'égale importance. Ce qui n'est pas le cas ici. Quant à Clavier, il faut bien dire qu'il est un peu livré à lui-même et donc cabotine et grimace un max.
A noter deux scènes, qui ne servent à rien, mais qui sont bien jouées. La scène surprenante est celle où Clavier s'impose (heureusement) à accompagner le petit gosse dans la voiture du gars très louche. La scène, absolument pas comique, n'a rien à faire dans ce film.
La scène chez Drouot où Clavier se trouve piégé à son insu.
Il en va de même du reste de la distribution avec Tsilla Chelton qui m'a passablement agacé avec son outrance hystérique. Et pourtant certaines scènes comme celle où elle va déguiser les maisons témoins montrent qu'elle peut être capable d'autre chose.
J'ai trouvé Catherine Jacob, qu'à vrai dire je ne connais pas bien, vraiment pas convaincante. Peut-être que la définition de son personnage ne plaide pas en sa faveur. Peut-être mais je ne suis pas sûr.
Quant à Philippe Khorsand, il est quasiment inexistant.
Au final, c'est un film pas terrible. En comparaison avec "Vanille Fraise", il a l'avantage d'être moins ambigu et d'être passe-partout. Mais il est beaucoup trop schématique pour qu'on y croit.
A la fin, la chute est pas mal mais elle est gâchée par une allusion au trésor de la Waffen SS qui n'a vraiment rien à faire ici. J'hésite entre 3 (la critique de mon éclaireur Play it again Sam) et 4 ; n'ayant pas souri une seule fois et m'étant ennuyé sur un film qui ne fait même pas les 90 minutes après avoir étiré en longueur certains gags et rajouté des scènes inutiles, je me range à 3.
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Créée
le 26 mai 2022
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