La Solitude du coureur de fond par Maqroll
Le film culte du cinéma anglais des années soixante, qui a montré la voie à Ken Loach et à tant d’autres. Dans une société anglaise minée par la pauvreté et la désespérance, les jeunes n’ont d’autre choix que de se révolter ou de se soumettre. C’est une troisième voie, une voie intermédiaire, beaucoup plus courageuse, que va choisir Colin Smith, incarné de façon hallucinante de vérité par Tom Courtenay, quasi débutant alors. Placé en posture de « réussir sa vie » par l’accomplissement dans le sport, le jeune délinquant va, dans un geste de défi insensé, choisir le refus des valeurs jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. La réalisation de Tony Richardson est exemplaire avec dix dernières minutes qui comptent parmi les plus belles de l’histoire du cinéma. L’œuvre est construite sur des flash-back d’une pertinence parfaite puisqu’à la fin le passé rejoint le présent dans une logique psychologique imparable. Le propos de Richardson est ainsi énoncé non pas dans les mots mais essentiellement dans et par les images. L’image avant les mots, c’est pour moi la première et toujours la meilleure définition du cinéma.