"La solitude du coureur de fond", je dirais presque que le film porte mal son nom. Plus que sa solitude, c'est sa force mentale qui est ici démontrée dans un film qui nous renvoie directement dans l'Angleterre des années 1960. Ses fantasmes, ses inégalités et sa banalité y sont exposés avec autant de réalisme que de vérité ; car le film qui dépeint sa propre époque n'a pas besoin de présenter sont cadre, il est inscrit dedans.
Le film se centre sur un personnage : Colin Scott. À travers une succession de flashback, il arrive à nous faire comprendre ce personnage qui nous paraissait si intriguant au début du film. Ainsi, en adoptant un schéma narratif alternatif (présent/passé), Tony Richardson parvient à conserver notre intérêt tout au long du film, ceci est d'autant plus facile que le film est court.
Une réalisation sans failles ni originalité particulière, des acteurs - l'acteur principal surtout - d'un naturel déconcertant. Un cocktail réussi pour un film qui ne cesse d'étonner. Étonner à l'image de son personnage principal. Un petit délinquant ? Pas seulement. Doué d'une intelligence remarquable, que l'on ressent plus qu'on observe, il la met en oeuvre contre les institutions trop brutales de cette Angleterre qui tarde à se rénover.
Un homme remarquable sans doute, un film qui l'est tout autant. Par son originalité, sa fraîcheur et son naturel. À voir.