La croisée des temps
S'il ne s'était agi d'Orson Welles, La Splendeur des Amberson aurait sans doute laissé paraître un tout autre visage. Il faut dire que le successeur du mythique Citizen Kane avait largement de quoi...
le 6 avr. 2017
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La Splendeur des Amberson s'inscrit dans la parfaite continuité artistique de Citizen Kane, un film d'art et d'essai hautement expérimental qui brille de mille feux par sa mise en scène. C'est aussi l'adaptation d'un roman dont le récit raconte la grandeur et la décadence des Amberson, une grande famille bourgeoise américaine de la fin du XIXe siècle.
Eugène Morgan (Joseph Cotten) aime Isabel Amberson (Dolores Costello), mais celle-ci lui préfère Wilbur Minafer et de cet union nait un fils tyrannique George Minafer (Tim Holt). Des années plus tard, plus de 20 ans plus tard, Eugène devenu veuf ainsi que sa fille Lucy Morgan (Anne Baxter) reviennent dans la demeure des Amberson et George tombe tout de suite amoureux de Lucy.
C'est simple, le film est splendide, tous les plans son magnifiques, la demeure est majestueuse avec son monumental escalier central qui semble irréel. Tous les plans sont composés dans le moindre des détails, avec les plus beaux fondus enchainés séparant les séquences qui m'aient été donnés de voir. Et comme dans Citizen Kane les plans séquences sont composés sur deux voir trois plans, c'est une véritable prouesse technique pour un film de 1942.
Et puis si sur la forme La Splendeur des Amberson est peut-être un peu moins flamboyant que Citizen Kane, sur le fond il lui est en tout point supérieur. Le film est raconté en deux actes, on nous présente d'abord la "splendeur" des Amberson qui montent dans la hiérarchie de la haute société, puis la "déchéance" des Amberson qui se voient renversés de leur trône. Il est maintenant avéré qu'Orson Welles avait écrit puis tourné un troisième acte qui parachevait la chute des Amberson, mais elle a été coupée du montage final par le studio la jugeant trop déprimante. C'est vraiment dommage car l'histoire racontée ici et ses personnages sont passionnants et on sent bien qu'il manque une conclusion à ce magnifique récit.
Côté casting, Anne Baxter (aka Neferti dans Les Dix commandements) est magnifique et on comprend tout de suite pourquoi Tim Holt tombe immédiatement amoureux d'elle dés le premier regard. Quant à Joseph Cotten, c'est un immense acteur des années 40, comme en atteste son CV : Citizen Kane, Le troisième homme, L'ombre d'un doute, Hantise ... et là une fois de plus, il déploie tout son charme au service d'un personnage terriblement séducteur et charismatique. Dolores Costello et Tim Holt sont certes un peu plus en retrait du récit, ils parviennent néanmoins à développer une jolie dynamique, elle "mère aimante" et lui "fils tyrannique". Enfin, c'est Orson Welles himself qui s'attribue le rôle de narrateur.
Avec La Splendeur des Amberson, le perfectionnisme et les ambitions démesurées d'Orson Welles lui ont permis une fois de plus d'accoucher d'un chef d'œuvre, mais en se mettant les studios à dos une fois de trop (la RKO), nous nous retrouvons face à un chef d'œuvre malheureusement inachevé.
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le 10 août 2021
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