Dans la "Strada", si Gelsomina est l’innocence et la bonté incarnée, Zampano, lui, est une bête à l’état brut. Fellini évoque ainsi, dans le portrait de ces deux saltimbanques qui parcourent les routes d’Italie, le paradoxe de l’artiste qui se balance entre les rêves idéalistes, la recherche de la grâce, et l'attraction terrestre, la trivialité de la condition humaine. Ce film, qui vaudra à Fellini la reconnaissance internationale est encore marqué de l'inspiration néo-réaliste, mais un néo-réalisme déjà dévié vers ce lyrisme fantastique qui sera la marque des chefs d'oeuvre du maître italien. Cependant, "la Strada" gagne finalement encore à être regardé comme le plus bouleversant poème d'amour à la femme qu'il aime, Giulietta Masina, qui atteint ici dans le rôle de Gelsomina le statut du mythe. [Critique écrite en 1995]