Au vu de la réputation du bonhomme, ça aurait pu être bien pire. Le livre d'Orson Scott Card est respectée, le film est agréable, plutôt beau par moment, l'équipe qui a dessiné tous les décors, uniformes, etc., a très bien réussi son boulot : beaucoup d'objets qui semblaient difficiles à mettre en image, comme la salle d'entrainement, le monde des doryphores ou le jeu vidéo, sont vraiment bien rendus et on aurait du mal à les imaginer mieux conçus. Philosophiquement, on garde le message principal. On n'a pas rajouté d'histoire d'amour à la con, même si j'ai eu peur pendant un court instant. Le film m'a donné envie de relire le livre et même de lire sa suite.
Et pourtant, à la fin du film, c'est une impression de gâchis qui prédomine. Merde, on a dû donner à ces mecs le PIB du Burkina Faso pour qu'ils puissent concevoir leur salle d'entraînement, on aurait pas pu leur rajouter celui du Togo pour qu'on la voie plus de cinq minutes ? (désolé aux togolais, dîtes-vous que ça tourne, la prochaine fois ça sera la Grèce) De manière générale, j'ai l'impression en regardant ce film que le scénariste avait un carnet où il a coché les différentes scènes au fur et à mesure. "Une bataille avec l'armée de la Salamandre, une avec l'armée du Dragon, hop c'est plié on a pas que ça à foutre !" "Bon, c'est bon, on a vu Valentine deux minutes, on passe à la suite !" Et pareil pour chaque étape du récit.
Et c'est bien dommage, parce qu'on a au final des personnages complètement transparents. D'habitude, dans un blockbuster, chaque personnage est un cliché. Ici, on ne leur accorde même pas cette chance, ils sont vides, des figurants. Je ne me suis rendu compte qu'à la fin qu'en fait Alai et Bean étaient deux acteurs différents. Et pourtant ils ne se ressemblent pas, mais ils sont interchangeables... Ici Gavin Hood rate complètement le coche, la psychologie des personnages et leurs différents rapports à Ender étant bien ce qui était intéressant dans le livre.
Et puis, le rythme est bien trop rapide, je m'en veux de toujours comparer au roman mais Orson S. Card avait, lui, su trouver le rythme idéal pour mener son roman... Et puis, il manque tout cet univers féérique et impitoyable du jeu (le jeu !), qui est ici réduit à sa plus simple fonction. Il manque un développement de Valentine et Peter, personnages hyper intéressants mais encore une fois réduits à leur plus simple fonction. Il manque un développement de la géopolitique terrienne, qui avait vieilli mais avait son charme. En fait, parce qu'un film de 4h est difficilement envisageable, il aurait fallu directement adapter le livre en série.
Heureusement, on a un jeu d'acteur plus que correct, une musique qui à défaut d'être originale fait bien son boulot, des effets spéciaux réussis. Certaines scènes en apesanteur sont assez mal filmées et un peu brouillonnes, et font pâle figure à côté de Gravity, mais globalement c'est pas mal filmé. Et surtout, même si un peu plus moche et un peu trop manichéanisé (OUI CE MOT EXISTE), le message de fin reste présent. On a échappé à un AMERICA RULZ TEH WORLD (ils en auraient été capables...), et ça c'est cool.
Chez Gavin Hood, la SF est bleue comme une orange.
En fait, vu par rapport au livre, le film est à la fois génial (le géant !) et décevant, dans la mesure où il manquerait quelque chose de tout à fait faisable pour en faire un très bon film. Je serais presque tenté de lui mettre 7 pour avoir mis en images ces scènes, j'attendais que ça.
Vu indépendamment, il reste très superficiel et donc assez peu intéressant. Le film s'il reste agréable ne vole donc pas plus haut que les innombrables blockbusters SF de cette année 2013, et pourtant il aurait pu.