Encensé par des millions de fans, le roman succès d'Orson Scott Card, ENDER'S GAME, jalon de la science-fiction littéraire américaine et premier d'une liste de 15 tomes, débarque enfin au cinéma après des années de gestation.
Si le style de narration globale demeure digeste, il est évident au demeurant des innombrables raccourcis scénaristiques et facilités que l'histoire fut grande condensée. Principalement axé sur la spectaculaire Ecole de Guerre et la fameuse "Battle Room", il finit par se désintéresser poliment d'un récit qu'on peine à trouver plausible. Soit l'idée de départ suivante : suite à une invasion extra-terrestre contrecarrée, mais au prix de millions de morts, un demi-siècle plus tôt, l'armée des USA s'acharne à entraîner de jeunes recrues au fort potentiel afin de trouver un nouveau leader qui par son intelligence et son sang-froid guidera l'humanité pour la contre-offensive. Et c'est en Ender Wiggins que le Colonel Graff fondera ses espoirs.
Si on pardonnera un début rapidement expédié, les choses sérieuses commencent à l'Ecole de Guerre, station spatiale en orbite où le récit se fait plus dense et plus lent. Mais malgré cela, Gavin Hood n'arrive ni à faire exister ni vivre sa station : quatre adultes à tout casser représentent à eux seuls le corps enseignants et militaires de cette école aux couloirs vides et silencieux pourtant emplit d'une ribambelle de pré-ados surdoués. Tous les détails nous sont occultés pour se consacrer exclusivement sur la progression d'Ender. Si l'attachement que l'on a pour le personnage est réussi, on a dû mal en revanche à cerner ce potentiel qui met tant en émoi Graff, le tout résumé en quelques déductions simples, quelques manipulations et des stratagèmes peu extraordinaire. Le personnage nous apparaît plus comme un petit malin qu'un brillant tacticiens.
Après une pause de doute et de "non mais j'abandonne parce que voilà, moi j'ai pas signer pour ça quoi" des plus insipides et qui, du point de vue du film (je n'ai pas lu le roman j'ignore donc comme cela s'y passe) freine le récit, nous voilà catapulté sur une autre planète. Le changement de décor et la venue de nouveaux personnages redresse l'intérêt, mais une fois de plus, Hood balaye ce qui pourrait retenir notre attention. Cette dernière partie sera la plus raté, malgré le recourt à un twist final que l'on voyait venir et un dénouement intéressant en dépit de quelques idées et révélations où l'on restera un brin sceptique.
ENDER'S GAME avait les atouts pour être une oeuvre de SF captivante mais mâché et craché par Hollywood, il vient finalement se ranger à côté des adaptations pour ados à la HUNGER GAMES. Soit une idée de base prometteuse mais un traitement foireux. Bien que le scénario laisse de toute façon à désiré, pas sûr que la présence de Gavin Hood derrière la caméra n'est arrangé les choses. On aurait aimé voir ce qu'en aurait fait un Bryan Singer ou un J.J Abrams. Si tout n'est pas à jeter, on pourra majoritairement compter sur l'interprétation réussie d'Asa Butterfield pour maintenir notre intérêt. Ben Kingsley fait le job comme on dit, mais Harrison Ford, malgré l'empathie qui se dégage de l'acteur, semble un peu empêtré dans l'uniforme de Graff, handicapé par les limites de son personnage.
Le film reste donc dans la SF oubliable, comme il sort chaque année. Difficile de faire le poids après STAR TREK ou PROMETHEUS, et la proximité avec GRAVITY lui fait encore moins de bien.