Jus de pamplemousse pour tout le monde, aujourd’hui.
Organic.

- Salut les bulots. Bon, je reviens d’un feedback avec les huiles, et si y’a bien une chose qu’est claire, c’est que vous êtes pas foutus de nous expéctorer un scénar original.
- Chef, si je puis me perm…
- Toi, ta gueule. Les twists d’Insaisissables, j’en ai encore des migraines intestinales. Bref. Rick vous a mailé pour que vous dégottiez des pavés à adapter sous forme de franchise. Hors Marvel, j’entends. Je vous écoute.
- J’ai la saga des Martine, moi. Les droits sont pas chers.
- La Petite Maison dans la Prairie. 7 volumes.
- Ou L’Astrée, un roman précieux du XVIIè siècle qui fait 5400 pages. Vous énervez pas, chef, je déconne. J’ai ce qu’il vous faut. Le Cycle d’Ender. Onze romans, de la SF. Une référence dans le genre, prix Hugo, tout ça. C’est l’histoire de…
- Ok, ok, surtout pas de phrases. Des mots clés.
- Elu, simulation, militaire, extraterrestres, xenocide.
- Putain, xenonide, excellent. Et c’est ?
- Ben le massacre d’une population extraterrestre, quoi.
- Bon, les autres, au lieu de remplir vos verres de la cervelle qui vous coule du nez, vous vous agitez la couenne pour me customiser tout ça.
- On adapte le 1er volume ?
- Ouais. Ça doit durer deux heures, au bas mot.
- Je sais pas si...
- Rien à foutre. Un film par volume. Si ça cartonne, vous connaissez le concept : deux films, voire trois pour un seul bouquin. Remplissez.
- C'est que ces histoires de stratégie et de réflexion, c'est assez complexe, quand même. On nettoie tout ça.
- Ouais, la ligne directrice, c’est le jeune Ender, il est l’élu, quoi. Il va chasser les aliens qu’ont déjà tué des millions d’hommes et qui prévoient de revenir. On a des films de l’époque, on les repasse en boucle pour former les djeuns.
- Top Gun, quoi.
- Ouais, en moins gay. Version prépubère.
- Tout le monde croit qu’il est nul, mais en fait il est super.
- Foutez lui un look de gosse d’hôpital ; bien pâle, tronche de fouine, yeux globuleux, tout ça.
- Après, ben il réussit tout. Et on fout un vieux qui se lève de sa chaise en se disant « ouais putain, c’est vraiment l’élu ».
- Ça va pas être un peu chiant ?
- Pas si t’as 5 ans.
- D’âge mental.
- Après, vous me faites un mix entre Full Metal Jacket et Les Choristes : des rivalités de gosses, des matchs d’entrainement, et le blanc bec qui commande tout le monde.
- Donc un chef noir qui gueule, des agressions dans les douches.
- Et des chefs de bandes et des matchs ou on applaudit à la fin.
- Ah oui, Lakshmi Mittal est rentré dans le capital du studio. Saupoudrez moi tout ça de curry.
- Et chef, on avait dit la dernière fois, le prochain film dans le futur, on met « salam aleykoum » dedans. Vous vous souvenez, c’est le pari que Dick a perdu, rapport au match…
- Ouais, c’est vrai, j’ai qu’une parole. Mettez-le. Ça sera marrant.
- Après, bon, ben c’est des simulations, vous me foutez des écrans partout, des jeux vidéo et comme on est dans le futur et que le futur a pas progressé depuis 12 ans, les gens s’envoient des emails et bougent les images avec les mains comme dans Minority Report.
- Mais ça va que être des enfants qui jouent aux jeux vidéo pendant deux heures ?
- Ouais, mais à la fin on rajoute un truc SF qui tue. Mick, t’avais bossé là-dessus, on en a parlé au sauna.
- Ouais : l’UMD 500, ma chatte.
- Développe.
- Une Unité de Destruction Moléculaire, une grosse teub de la taille de la Corse qui te désagrège une planète à la vitesse d’une gastro un soir de sangria au Sénégal.
- Putain.
- Eh, on fait pas les choses à moitié, hein. 50 ans de travaux, 70 milliards de budget.
- OK. Et les twists ? Rick ?
- Ouais, du lourd, chef. On se rend compte les enfants, c’est des enfants, et que c’est pas cool de leur apprendre à tuer. Et après, que le jeu vidéo, en fait c’était pour de vrai. Donc il est triste d’avoir tué les fourmis en vrai.
- Les insectes sont nos amis. Il faut les aimer aussi. Comme nous ils ont une âme.
- Putain, ça me rappelle un truc. Sérieux, on met ça ?
- Ouais, sinon ils vont encore dire que c’est promilitariste. On soigne notre aile gauche. Après Napoléon et César, genre il devient Gandhi des dorryphores.
- Bien pour Mittal, ça. Bon, on la tient, notre bande annonce de deux heures.
- 1h54, à mon humble avis. Avec un générique d’1/4 d’heure pour les effets numériques, ça se tient.
- Putain, on va cartonner.

L'intégralité des réunions :

http://www.senscritique.com/liste/Les_arcanes_du_blockbuster/369869
Sergent_Pepper
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Blockbuster, Science Fiction, J'ai pas d'alibi : j'ai honte, Les arcanes du blockbuster et Vus en 2014

Créée

le 14 mars 2014

Modifiée

le 14 mars 2014

Critique lue 3.7K fois

95 j'aime

19 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 3.7K fois

95
19

D'autres avis sur La Stratégie Ender

La Stratégie Ender
Hypérion
4

Le jeu de l'oie Ender

Ender's Game a tout de l'énième argument démontrant qu'un scénario globalement fidèle à l'oeuvre d'origine n'est pas forcément le gage d'un bon film. Certes, pour faire tenir en un peu moins de deux...

le 3 févr. 2014

70 j'aime

26

La Stratégie Ender
Nushku
5

Tender's Game

Il est toujours délicat de juger une adaptation quand on connaît le matériau de base, d'autant plus lorsqu'on aimé ce dernier. Si en adaptant "As I lay Dying", l'un des plus tordus livres de...

le 20 nov. 2013

61 j'aime

17

La Stratégie Ender
Apostille
5

Des doryphores ne reste que la carapace...

Quelques semaines avant la sortie de ce film de S-F, j'ai appris qu'il était tiré d'un roman éponyme de grande qualité. Je me suis alors procuré ce dernier que j'ai littéralement dévoré en moins de...

le 8 nov. 2013

42 j'aime

17

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

617 j'aime

53