Cette critique a été écrite par quelqu'un qui n'a pas lu les romans.
Ceci expliquera peut-être cela.
Jamais, pas le moindre instant, je ne me suis intéressé à ce qui se déroulait à l'écran. J'ai traversé les 110 minutes de ce film d'un œil froid, dans une absence complète de la moindre émotion. Je ne peux même pas affirmer que j'ai détesté, tant le film semble même incapable de faire naître cette émotion-là.
Car que se passe-t-il ici ? Une énième histoire de guerre entre humains et extraterrestres insectomorphes, doucement qualifiés de Doryphores. L'occasion pour nous rabattre les oreilles avec toutes les conneries que l'on a déjà entendues vingt mille fois dans vingt mille films de ce genre : les extraterrestres communiquent entre eux par la pensée, ils sont comme des fourmis, si on tue la reine, les autres ne font plus rien, etc.
Alors, quoi ? Et bien, on fait appel à des gamins, des gamers, des experts en stratégie pour en faire des officiers à onze ans et les soumettre à des entraînements de cosmonautes.
Soit.
On passe sur le fait que rien ne soit crédible dans ce film (une fois de plus, je en sais pas comment ça se passe dans le roman). Que le gosse Ender soit promu au rang d'amiral, ça paraît aussi crédible que si mon chat était chef d'état major inter-armées.
On a droit à une vague réflexion (rapidement laissée de côté, comme une page du cahier des charges qu'on se devait de remplir et qu'on tourne au plus vite), au détour d'un dialogue, sur la moralité et la guerre (réflexion qui aurait parfaitement sa place ici, vu que le sujet, c'est quand même des enfants soldats). Mais en trois répliques on passe déjà à autre chose, et Harrison Ford nous fait bien comprendre qu'on n'est pas là pour réfléchir.
Il n'a pas tort, le bougre, puisque si on se met à réfléchir, le film nous paraît encore plus ridicule. Sa construction ne tient pas la route un seul instant : pendant une plombe on voit une bande de gosses faire des exercices et s'amuser en apesanteur, puis, de but en blanc, on envoie notre personnage faire à peu près la même chose (c'est-à-dire participer à un jeu vidéo en ligne) sur une autre planète. Je passe sur le final, parce que je suis pudique et que je n'aime pas dévoiler des immondices.
On nous parle d'extraterrestres, on nous dit à quel point ils sont menaçants, on nous sert une scène de combat aérien qui tourne en boucle (la seule scène d'action, qui se passe dans le passé en plus), mais jamais, au grand jamais, je n'ai ressenti la présence d'une quelconque menace. Le cinéaste ne parvient pas un seul instant à nous faire croire que notre planète est en danger. Du coup, dans cet univers trop lisse, on ne comprend pas pourquoi Ender constituerait une "dernière chance".
Par conséquent, c'est le film dans son intégralité qui m'a paru totalement dénué d'enjeu. Une suite d'effets spéciaux que j'ai regardé sans jamais, au moindre instant, me sentir concerné. Une sorte de gros jeu vidéo.
Il faut quand même ici faire une mention spéciale à Ben Kingsley, dont la survie à ce jour prouve que le ridicule ne tue pas.