Une petite curiosité, un film anti-nazi sorti en 1940, avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, ce qui vaudra d'ailleurs à la MGM de se faire boycotter par l'Allemagne...
Bon, alors forcément, c'est didactique en diable, et du coup, un peu moins intéressant pour un spectateur plus informé que le public de l'époque.
En fait le début est assez chouette, c'est l'histoire d'une famille idéale au fin fond de la Bavière, dans les années trente. On se croirait d'ailleurs dans un film américain normal, belle maison, quelques colonnes dans le hall, histoire de coeur de la grande fille, frères studieux, université modèle... J'en connais d'ailleurs un qui a mis du temps à comprendre que ça se passait chez les casques à pointes...
Et puis, Hitler est nommé chancelier.
Frank Morgan, c'est le prof éminent et respecté, le chef de famille, juif, bien sûr. Sa fille, c'est Margaret Sullavan, vous savez, la poule de Shop around the corner qui joue toujours avec Stewart... (Faut dire qu'avec lui et Henry Fonda, les liens remontent à loin, avant la célébrité, ça aide à créer une petite alchimie). Donc, la fille elle est partagée entre Fritz, l'ami de la famille, un peu nazillon et le futur véto du coin, celui qui vit dans les montagnes, accouche les juments dans son étable et se balade en skis.
Fritz, c'est Robert Young, vous savez, celui qui se fait piquer Joan Crawford par Gary Cooper dans Après-nous le déluge. Et vu que le véto, c'est James Stewart, le suspense est à son comble...
Robert Stack tout jeune joue un des frangins de la mignonne, et on retrouve avec un plaisir certain Ward Bond, très à l'aise en milicien zélé. Le tout est quand même filmé par Borzage, et le monsieur connait son affaire.
Les décors sont plutôt sympas, c'est agréable de voir un événement pareil depuis le trou du cul des Alpes, en fait, ça change et puis, franchement pour un film de 1940, c'est assez impressionnant, on évite même pas mal de lourdeurs attendues.
Après, faut être honnête, c'est un film de propagande, et les méchants sont vites repérés, ainsi que les gentils. Mais bon, ça passe encore, ce qui est plus gênant, c'est sur la fin, quelques dialogues bien grossier, un discours bien appuyé, des prières comme s'il en pleuvait et j'ai failli me montrer sévère. Faut dire que quand Borzage faisait ça à la fin du muet, il filmait comme un dieu des anges en état de grâce, et vous emportait avec lui contraint et forcé. Ici, c'est moins convainquant.
Mais bon, tout de même on reconnait super bien la patte de Cedric Gibbons dans la petite fermette, et moi ça suffit à mon bonheur.
En prime, vous avez James Stewart sur skis avec même une poursuite échevelée, ça donne un petit côté James Bond, ça ferait presque envie.