Le cinéma d'Asie centrale ne nous parvient plus que par bribes, hélas. La tendre indifférence du monde est déjà le 6ème film du kazakh Adikhan Yerzhanov mais c'est le premier à sortir sur les écrans français après sa présentation cannoise. Il tire son titre d'une phrase de Camus, auteur cité à deux reprises dans le film, dans cette oeuvre existentialiste qui emprunte aussi au Shakespeare de Roméo et Juliette avec ses amoureux innocents confrontés aux dangers de la perversion de la ville. A cet univers corrompu et violent, Yerzhanov oppose la beauté de l'art, avec ses nombreuses références picturales, et la dimension esthétique de La tendre indifférence du monde est son principal atout alors que sa progression narrative est-elle entachée d'une certaine opacité, s'égarant parfois dans des sous-intrigues pas forcément très claires. De ce film inégal, on retient les scènes réunissant les deux personnages principaux, protégés de la vilenie de leur environnement par leur candeur et leur pureté éternelle.