Une expérience pétrifiante à coeur

A mi-chemin entre un film solidement documenté et un documentaire habilement romancé, cette fausse fiction prend le spectateur par la main pour l'emmener chez les Guaranis, un vrai peuple précolombien à peau rouge qui survit -de moins en moins- sur un territoire vaste comme plusieurs pays d'Europe. Pas une seule seconde, je n'ai eu envie de retirer ma main. J'ai compris, donc j'ai partagé et aimé.
Sans discours moraliste, et surtout sans pleurnicheries, on m'a montré pourquoi ce peuple très nature bat tous les records de suicides. Sans jargon anthropologique, sans travers ésotérique, j'ai reçu mon initiation au chamanisme. La première séquence du film m'a surpris et amusé; la dernière minute me hante encore: j'entends distinctement les sons émis par l'un des adolescents (authentique Guarani). En une inflexion de voix, ils résument une heure et demie d'images. Je suis certain que cette étrange vocalise vous pétrifiera vous aussi jusqu'au fond du coeur.
En regardant ce récit (conté au fil d'un scénario à rebondissements), souvenez-vous qu'il a été mis en scène en 2008. Or, en octobre 2012, un groupe de 170 Guaranis a réellement vécu ce qui avait été filmé 4 ans plus tôt. Au tribunal brésilien qui venait d'ordonner leur expulsion, ils ont écrit: ordonnez notre massacre sur place.
Sur place, c'est la terre rouge d'hommes translucides condamnés à disparaitre sans que ça se voie. Mais vous, vous aurez entendu le mal que ça fait à l'un d'entre eux.