Roman d'Hervé Bazin, publié en 1949, La tête contre les murs est adapté dix ans plus tard par son auteur et Jean-Pierre Mocky qui en profite pour s'adjuger le rôle de ce jeune homme, charmant mais un peu inadapté, en conflit avec un père qui le fait interner d'autorité.
En découle un constat édifiant sur la psychiatrie en France, ses médecins intransigeants aux méthodes archaïques, ses soignants, ignorants des bonnes pratiques de sécurité et son absence criante de financement preuve d'un désintérêt politique flagrant.
Dans l'asile, l'administration mélange pêle-mêle les dépressifs, les épileptiques, les dangereux psychotiques et les doux dingues, dans une absence totale de contrôle sur les privations de liberté. Une liberté qu'il paraît illusoire de retrouver une fois passé les portes de cet établissement. La caméra de Franju, anxiogène comme à son habitude, sied parfaitement à cette histoire angoissante et nous gratifie de quelques superbes images telle l'évasion à travers un champs en brûlis ou la métaphorique séquence de la boule.
La seule issue à cette folie carcérale passe par l'unité d'un psychiatre aux nouvelles méthodes incarné par Paul Meurisse, aussi remarquable que l'ensemble des interprètes, de Claude Brasseur à Charles Aznavour.
Un film intéressant qui permet de mesurer, malgré des efforts encore à fournir, les progrès accomplis dans la personnalisation de la prise en charge, dans sa justification et dans la possibilité pour les malades de s'affranchir de ces murs psychologiques et physiques .
Une réussite.