En exergue, les auteurs plaident pour une prise en charge plus humaine des aliénés. Dans le cas du personnage (principal) joué par Jean-Pierre Mocky, il s'agit de dénoncer également l'internement arbitraire.
Car François Gérane n'est pas fou, il a juste volé et giflé son vieux bourge de père, incarnation de la France de papa réac et brutale. Direction l'asile, une prison, pour le jeune François.
Le roman d'Hervé Bazin est adapté par Mocky qui, tout jeune, accuse déjà le conformisme et l'enfermement dans des cases. Franju, lui, met en scène un univers qui se veut plus étrange que réaliste, avec à la fin une esthétique de style expressionniste. D'ailleurs, pour le réalisme concernant les malades mentaux mais aussi pour l'intensité dramatique, mieux vaut se tourner vers le "Vol au-dessus d'un nid de coucous" de Milos Forman (et s'il est un point commun entre les deux films, c'est que ce ne sont pas les malades qui auront le dernier mot...)
Car la réalisation de Franju a pris un sacré coup de vieux et on frôle l'apathie. L'asile qu'il filme dans la plus grande partie du film ressemble à une maison de repos où la démence a le bon goût d'être silencieuse et paisible. Surtout, quand quelques comédiens sont chargés de jouer la folie, c'est raté. C'est raté parce que ce n'est pas facile à composer avec des poncifs. Et quand on aperçoit le psychiatre en chef, Pierre Brasseur, en blouse blanche, deviser avec le curé en robe noire à propos des âmes à sauver, chacun dans son apostolat, on se demande qui sont les aliénés. Et ce n'est pas volontaire de la part de Franju. C'est juste maladroit, voire ridicule.
L'interprétation n'est pas à la hauteur en général, et le jeune acteur Mocky est un peu tendre, pour ne pas dire mou, plus romantique que rebelle finalement. Les personnages, tout en clichés, n'ont aucune épaisseur.
Faible sur un plan dramatique, sans ressort, le film tente d'amorcer un très court débat entre Anciens et Modernes, entre Brasseur et Paul Meurisse (dont le rôle est si court qu'il ne justifie pas sa belle deuxième place au générique), le premier se voyant en garde-chiourme protégeant la société, le second, incarnant l'avenir de la psychiatrie, en thérapeute voulant guérir des malades.
Un grand moment d'ennui.