Germain,sorte d'idiot du village simplet et à moitié analphabète,sympathise avec Margueritte,avec deux t c'est important apparemment,une vieille érudite qui l'initie aux joies de la lecture.S'ils avaient appelé ça "La tête dans le cul",c'eût été plus pertinent mais ce titre pouvait rebuter le public habituel du cinéma humaniste light et lénifiant de Jean Becker.Adaptant un roman à succès de Marie-Sabine Roger,le réalisateur en signe l'adaptation et le scénario avec un Jean-Loup Dabadie en bout de course qui a aussi rédigé les dialogues.C'est produit par Louis Becker,le fils de Jean,et la musique sans personnalité est l'oeuvre d'un Laurent Voulzy en roue libre.L'auteur du bouquin est une spécialiste du livre jeunesse,ce qui peut expliquer la niaiserie de cette fable prônant la tolérance pour les ramollis du bulbe,la rédemption par la littérature et dénonçant le sort réservé aux personnes âgées dans une société exhibant pourtant en permanence ses belles valeurs de solidarité.Il s'agit là de nobles causes mais le traitement ici appliqué désamorce toute efficacité.Tout est fabriqué,factice,artificiel,tout sonne faux et on n'y croit pas une seconde.Le personnage principal est si mal défini qu'on ne sait pas à quoi s'en tenir.Il est par moments complètement idiot,à d'autres relativement intelligent,il est totalement inculte mais présente d'étonnantes capacités d'apprentissage,bref c'est la foire et on navigue à vue au gré de séquences mal amenées,mal gérées,mal filmées et mal jouées carburant à l'incohérence.Rien n'a l'air vrai,ce qui est gênant dans le cadre d'un film naturaliste se voulant proche des gens simples.La mise en scène pataude aligne les plans maladroits où l'on ne serait pas surpris de voir apparaître les caméras et l'équipe technique tant on sent leur présence autour de comédiens aux déplacements ostensiblement chorégraphiés.Pour ce qui est des conversations et des rapports entre les personnages,on patauge dans une incompétence tenant de la faute professionnelle.C'est bâclé,c'est crétin bien au-delà de ce qui est permis et ça macère dans une morale gentillette qui aboutira à un happy-end de la vingtième dimension.On pleurniche abondamment sur le destin de ce pauvre Germain,enfant sans père gras et retardé à l'allumage,victime d'une méchante mère,dont on apprendra que bizarrement elle aimait son fils,d'un méchant instituteur et de méchants camarades,Becker trouvant judicieux de truffer son film de flashbacks ridicules et de scènes oniriques matérialisant les romans que Margueritte lit à son protégé.En plus,Germain a une petite amie,Annette,qui est jeune,trente ans de moins environ, ,jolie,travailleuse,intelligente,cultivée et compréhensive.Tout est possible mais ça fait quand même beaucoup sachant que notre héros est vieux,gros,moche,inculte,mou de la tronche,qu'il est à peine gentil avec elle et ressemble à Gérard Depardieu.Remarquez ça tombe bien,c'est justement lui.Un Gégé qui nous baille son désormais traditionnel numéro de neuneu au sourire béat à la frontière de ce qui est supportable.La vieille dame,96 ans à l'époque et morte depuis,c'est Gisèle Casadesus,qui connaissait une curieuse hype en ces années-là,due au fait qu'elle était la doyenne des comédiens en activité,un genre de gloire à l'ancienneté pour cette comédienne dont les minauderies étaient surtout agaçantes.Une belle distribution entoure le couple vedette,mais la plupart des intervenants ne font que passer,de manière plus ou moins marquante.Sophie Guillemin est tout-à-fait vive et charmante,très jolie et débarrassée semble-t-il des problèmes de poids qu'elle affrontait souvent.Les courtes apparitions de Patrick Bouchitey,Régis Laspalès,Mélanie Bernier,François-Xavier Demaison et Jean-Luc Porraz apportent une certaine plus-value,contrairement à celles de Jean-François Stévenin,qui joue faux,Claire Maurier,qui en fait des caisses en virago dingo et Maurane,aussi mauvaise actrice que chanteuse.