La tombe de Ligeia est le dernier film du cycle Poe de Roger Corman et c’est aussi le plus singulier, puisqu’à la différence des autres qui se déroulent tous presque intégralement en studio, il est tourné en grande partie en extérieur, et en plein jour, au milieu des ruines, absolument splendides, du Castle Acre Priory près de Norfolk en Angleterre. L’interprétation est excellente à commencer, bien sûr, par Vincent Price, plus sobre que d’habitude, qui campe un personnage torturé dont il a le secret, un homme obsédé par sa première épouse qu’il souhaite à la fois oublier mais est incapable d’oublier. Un personnage obsédé par la mort qui vit enfermé dans la pénombre de son château et porte des lunettes noires car il ne supporte pas la lumière du jour, symbole ici de la vie. Corman ouvre des pistes mais laisse au spectateur plusieurs interprétations possibles : Ligeia est-elle vraiment morte, se réincarne-t-elle dans Rowena (Elizabeth Shepherd est excellente dans les deux rôles), ou tout cela n’est-il dû qu’à la folie de Verden ? Avec une très belle photo d’Arthur Grant et des mouvements de caméra splendides, La tombe de Ligeia clôt en beauté le cycle. Le film est disponible en DVD chez Sidonis Calysta dans une copie assez convenable et avec deux suppléments très conséquents, les interviews de Bertrand Tavernier et de Joe Dante, celui de Bertrand Tavernier étant vraiment excellent et très instructif.