LA TORTUE ROUGE (17,1) (Michael Dudok de Wit, BEL/FRA/JAP, 2016, 80min)
Ce somptueux conte écolo d’animation narre le destin d’un naufragé échouant sur une île déserte tropicale, peuplée de crabes, d’oiseaux, de phoque et de tortues. Michael Dudok de Wit césarisé en 1996 avec «Le moine et le poisson», oscarisé en 2001 pour le chavirant «Père et fille» revient avec la collaboration des studios Ghibli (collaboration inédite qui marque une étape importante dans l’histoire de l’animation) pour nous offrir les grandes étapes de la vie d’un être humain. La mise en scène épurée nous révèle sous des traits de crayons mélangés à l’imagerie numérique une ode à la nature, une ode à l’amour, une ode au cycle de la vie de façon magistrale. La narration se décline avec une simplicité et une intelligence vertigineuse, le récit (Pascal Ferran à la plume) enchante par ses profondeurs et à fois la limpidité de ses questions existentielles et nous raconte l’homme revenu proche de la nature. De l’essentiel. Sans aucun dialogue, un travail du son exceptionnel, juste le bruit de la nature qui vient accompagnée l’humain, avec une musique envoûtante et frissonnante pour apporter une puissance émotionnelle inédite et bouleversante quand on perçoit dans les regards des personnages toute une palette d’émotions que peu de mots ne pourraient aussi bien retranscrire. Les plans majestueux offrent de véritables aquarelles, le cinéaste tel un pointilliste n’omet aucun détail, la beauté visuelle est sidérante, tour à tour métaphorique, poétique, onirique tout subjugue par sa justesse. L’artiste adopte un rythme lent et contemplatif bienfaiteur à l’heure où le monde s’agite de plus en plus, où chacun ne prend plus le temps qu’il faudrait pour peut-être retrouver le bonheur essentiel, enfoui sous l’inutilité des choses. Une œuvre qui lorgne vers le fantastique, capte la solitude avec acuité, puise ses influences du côté du sublime «L’île nue» (1960) de Kaneto Shindo et des aventures de Robinson Crusoë. Partez vers ce magnifique voyage vers l’essence de tout, à la rencontre de ce magnifique « La Tortue rouge ». Minéral, mythologique, éblouissant. Un bijou universel qui fend toute les carapaces et touche au cœur…

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le 26 sept. 2016

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