En coopération avec le Studio Ghibli, Michaël Dudok De Wit nous livre un superbe film d'animation métaphorique et symbolique dans lequel tout est conté avec la musique et le visuel, sans aucun dialogue .
Ce pari risqué non verbal fonctionne à merveille, et à aucun moment l'ennui ne prend le dessus .
Peut-être que certains n'y trouveront pas leur compte, mais très sincèrement on ne peut nier les innombrables qualités de La Tortue Rouge .
L'histoire du film racontant les aventures d'un homme échoué sur une île reste très simple mais c'est cette simplicité qui rend le long métrage passionnant .
Grâce à celle-ci, le réalisateur se permet de prendre son temps et de placer différentes péripéties formant une histoire évoluant au fur et à mesure du temps .
Il ne faut pas s'attendre à quelque chose de frais avec de l'humour, mais plutôt à un savoureux mélange de poésie, drame et de contemplatif .
La non utilisation des dialogues permet une gestion plus approfondie des expressions, ainsi qu'une meilleure place à l'ambiance sonore et à la musique .
Composée par Laurent Perez Del Mar, la bande originale appuie certaines scènes avec des superbes passages de cordes, et laisse place au silence quand il le faut ( peut-être aurais-je préfèré que celui-ci n'utilise pas de chanteuse lyrique pour accompagner les mélodies afin de garder une certaine sobriété qui aurait plus convenu au film ) .
Graphiquement, la patte habituelle du studio japonais Ghibli est méconnaissable .
Les paysages sont dotés d'un grain artistique, ce qui rend le tout plus authentique et beaucoup moins virtuel malgré une habile utilisation de la 3D .
On ne reconnaît pas non plus le character design du studio, qui laisse place ici à quelque chose de plus "Franco-Belge" typique de certaines bande dessinées, et l'animation de ces personnages, ainsi que les diverses créatures de l'île se montre parfaite .
Pas étonnant que Takahata soit derrière le film, lui qui adore transformer le graphisme de Ghibli pour en faire quelque chose d'original ( avec notamment mes voisins les Yamada ou encore le Conte de la princesse Kaguya ) .
En espérant que Ghibli nous revienne avec des films typiques du studio, et ne nous abandonnera pas à cause de l'échec commercial du conte de la princesse Kaguya .
Nous voici donc en présence d'une des plus belles réussites de cette année 2016, un film que je n'attendais pas spécialement à la base et qui a fini par me combler .
Une oeuvre magnifique qui prouve que le cinéma d'animation 2D a encore de l'avenir ... un beau petit coup de coeur !