Disons le tout de suite, La Tortue Rouge relève d'un fantastique travail graphique. Le traitement de la forêt avec cette variété de verts et celui du monde aquatique - magnifiques effets de transparence - sont particulièrement réussis et constituent en soi un véritable intérêt.
Cela étant dit, cette réussite indéniable du dessin et l'émotion qui en ressort ne trouvent pas d'équivalent dans l'histoire ni même dans les quelques personnages du film.
Pourtant, les vingt premières minutes sont tout à fait plaisantes à suivre. Il faut dire que toute notre attention et notre curiosité se portent alors sur cette île mystérieuse qui n'a pas encore délivré ses ressources. Sauf que de ce point de vue, le film ne nous en dira rien ou très peu. Contrairement à ce qui se produit dans nombre de robinsonnades, l'île n'acquiert jamais de dimension affective aux yeux des personnages auxquels au contraire elle semble s'imposer comme une prison à ciel ouvert. Le scénario répète, au risque de lasser, les mêmes motifs - ouverture de plans sur la plage (et les crabes) ou le ciel (et les mouettes) - ou bien les mêmes scènes - le franchissement de la faille entre deux rochers, le bain dans la mare... d'où le sentiment au bout d'un moment d'une certaine paresse scénaristique. C'est un constat, on s'ennuie tout autant dans ce film que les personnages semblent s'ennuyer sur cette île.
Et c'est à mon avis la deuxième faiblesse du film, les personnages. Leur comportement, leur mode de vie, leur destin...tout cela est finalement très convenu. Et plein de clichés. Le scénario manque d'audace et on a envie de les secouer plus que de les secourir. D'autant que le parti pris du film consistant à priver les personnages du langage, même s'il peut se comprendre si l'on tient compte de la dimension fantastique voire onirique de l'histoire (une femme-tortue n'est pas sensé parler), prive les personnages d'une possibilité fondamentale de faire passer l'émotion : les mots. Et ici les mots plus que tout manquent cruellement.
Alors oui, la Tortue Rouge est graphiquement splendide mais on finit par étouffer par tant de banalités dans l'histoire et si peu d'émotion entre les personnages (ce sont finalement les crabes qui semblent le plus communiquer...et prendre leur pied (leur pince?)).
Au mieux, une belle séance de poésie visuelle (pour les plus réceptifs) : lenteur et contemplation au pire une vraie séance de tortue : lenteur et platitudes.


Graphisme/réalisation : 9/10
Histoire/scénario : 4/10
Personnages : 4/10


6/10

Créée

le 9 oct. 2016

Critique lue 494 fois

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Theloma

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