Un film essentiel, et ça n'arrive pas tous les jours.
Co-production entre l'Europe et les studios Ghibli, La Tortue Rouge est donc un film qui embarque (littéralement) son personnage principal comme son spectateur sur une île déserte pour les mettre face aux immuables cycles du temps, aux mystérieux cercles de vie. Vaste programme et pas de dialogues, mais là où des grands comme Terrence Malick ont parfois peiné sur un sujet similaire, la force du film de Michael Dudok de Wit réside dans la parfaite imbrication des ressources à sa disposition : l'animation, le récit, la musique.
L'animation, simple et d'une richesse insoupçonnée est le premier outil d'immersion. De cette première scène de naufrage jusqu'aux dernières secondes, elle magnifie et donne corps à une nature aussi bienfaisante que cruelle. Ce parti pris de l'épure visuelle épouse la poésie du récit comme la musique de Laurent Perez del Mar épouse sa force émotionnelle, en respectant les silences, en créant un rythme dans la narration pour s'y fondre complètement.
Conte écologiste, conte initiatique, conte philosophique, Michael Dudok de Wit a choisi de laisser juste assez de mystère à son histoire et de distance à ses personnages pour stimuler les imaginations et que chacun puisse s'y projeter. C'est la marque des grands, et c'est pleinement réussi.