La Tour infernale
En 1972, la Hammer est à l’agonie et un cinéma autrement plus subversif est en passe de prendre le pouvoir. Le cinéma britannique livre alors des titres dans l’ère du temps tout en conservant...
le 31 déc. 2024
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En 1972, la Hammer est à l’agonie et un cinéma autrement plus subversif est en passe de prendre le pouvoir. Le cinéma britannique livre alors des titres dans l’ère du temps tout en conservant certains codes de son cinéma horrifique. C’est ainsi que cette Tour du diable se présente avec son brouillard so british qui entoure une île lugubre et son phare abandonné. Hormis quelques plans extérieurs du lieu, le film a été entièrement tourné en studio comme on procédait encore dans les années 1960. Ce qui créait une atmosphère particulière tend alors à rendre ce type de productions un peu kitsch. Pour certains, ce sera un bon point car l’ambiance y est clairement baroque ; pour d’autres, l’effet sera contraire. Ce préambule étant dit, le réalisateur pousse les curseurs aussi loin que la censure doit lui permettre. Période de libération sexuelle oblige, les corps nus y sont nombreux. Et la volonté de choquer par des scènes gore est évidente même si les effets pourront peut-être prêter à sourire aujourd’hui.
Il n’empêche qu’il est important de replacer le film dans son contexte. En 1972, le slasher n’est pas un genre codifié. L’année précédente, Mario Bava a certes livré La Baie sanglante, mais rien n’est encore clairement établi. En ce sens, cette Tour du diable est tout à fait intéressante dans le sens où elle préfigure des motifs qui seront des éléments incontournables du genre. La façon idiote dont les protagonistes s’isolent pour mieux se faire trucider, la mort assurée de ceux qui se laissent aller à des ébats sexuels, une sinistre révélation sur l’identité du tueur. Par ailleurs, ici, on tue au couteau, on empale, en étrangle, on défenestre : autrement dit, on soigne toujours la forme. Ces éléments seront la marque de fabrique du slasher à venir. De là à dire qu’on tient ici un film annonciateur, il n’y a qu’un pas qu’on ne franchira pas. Ce titre très confidentiel a été très tardivement exhumé mais on peut supposer qu’il a concouru à définir un genre en devenir. En attendant, Jim O’Connolly reprend aussi beaucoup de thèmes populaires dans le cinéma d’horreur avec la figure du fils monstrueux, le lieu isolé ou encore la folie.
Dommage que le scénario, a priori astucieux, avec une double narration, finit par abandonner le premier récit pour se focaliser uniquement sur le second alors que l’ensemble aurait gagné en efficacité en les entremêlant jusqu’au bout. On a ainsi le sentiment que les auteurs ne sont pas allés au bout de leur idée et se sont maladroitement laissés happer par la facilité de mettre en scène l’horreur de l’histoire présente. Sorti dix ans plus tard, le film aurait été un navet fini. Et peut-être que pour ceux qui le découvrent aujourd’hui, la tentation de le dézinguer est tentante. Un petit effort pour le replacer dans son époque doit pourtant aider ce film, sorti des oubliettes par Artus, à lui redonner une certaine importance dans l’histoire du slasher.
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le 31 déc. 2024
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