Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

En 1972, la Hammer est à l’agonie et un cinéma autrement plus subversif est en passe de prendre le pouvoir. Le cinéma britannique livre alors des titres dans l’ère du temps tout en conservant certains codes de son cinéma horrifique. C’est ainsi que cette Tour du diable se présente avec son brouillard so british qui entoure une île lugubre et son phare abandonné. Hormis quelques plans extérieurs du lieu, le film a été entièrement tourné en studio comme on procédait encore dans les années 1960. Ce qui créait une atmosphère particulière tend alors à rendre ce type de productions un peu kitsch. Pour certains, ce sera un bon point car l’ambiance y est clairement baroque ; pour d’autres, l’effet sera contraire. Ce préambule étant dit, le réalisateur pousse les curseurs aussi loin que la censure doit lui permettre. Période de libération sexuelle oblige, les corps nus y sont nombreux. Et la volonté de choquer par des scènes gore est évidente même si les effets pourront peut-être prêter à sourire aujourd’hui.


Il n’empêche qu’il est important de replacer le film dans son contexte. En 1972, le slasher n’est pas un genre codifié. L’année précédente, Mario Bava a certes livré La Baie sanglante, mais rien n’est encore clairement établi. En ce sens, cette Tour du diable est tout à fait intéressante dans le sens où elle préfigure des motifs qui seront des éléments incontournables du genre. La façon idiote dont les protagonistes s’isolent pour mieux se faire trucider, la mort assurée de ceux qui se laissent aller à des ébats sexuels, une sinistre révélation sur l’identité du tueur. Par ailleurs, ici, on tue au couteau, on empale, en étrangle, on défenestre : autrement dit, on soigne toujours la forme. Ces éléments seront la marque de fabrique du slasher à venir. De là à dire qu’on tient ici un film annonciateur, il n’y a qu’un pas qu’on ne franchira pas. Ce titre très confidentiel a été très tardivement exhumé mais on peut supposer qu’il a concouru à définir un genre en devenir. En attendant, Jim O’Connolly reprend aussi beaucoup de thèmes populaires dans le cinéma d’horreur avec la figure du fils monstrueux, le lieu isolé ou encore la folie.


Dommage que le scénario, a priori astucieux, avec une double narration, finit par abandonner le premier récit pour se focaliser uniquement sur le second alors que l’ensemble aurait gagné en efficacité en les entremêlant jusqu’au bout. On a ainsi le sentiment que les auteurs ne sont pas allés au bout de leur idée et se sont maladroitement laissés happer par la facilité de mettre en scène l’horreur de l’histoire présente. Sorti dix ans plus tard, le film aurait été un navet fini. Et peut-être que pour ceux qui le découvrent aujourd’hui, la tentation de le dézinguer est tentante. Un petit effort pour le replacer dans son époque doit pourtant aider ce film, sorti des oubliettes par Artus, à lui redonner une certaine importance dans l’histoire du slasher.


Play-It-Again-Seb
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus ou revus en 2024

Créée

le 31 déc. 2024

Critique lue 7 fois

3 j'aime

Critique lue 7 fois

3

D'autres avis sur La Tour du Diable

La Tour du Diable
Play-It-Again-Seb
6

La Tour infernale

En 1972, la Hammer est à l’agonie et un cinéma autrement plus subversif est en passe de prendre le pouvoir. Le cinéma britannique livre alors des titres dans l’ère du temps tout en conservant...

le 31 déc. 2024

3 j'aime

La Tour du Diable
Jean-Mariage
7

Série B British très sympa.

Une série B très soignée, notamment au niveau des décors et de la photo. On sent que le réalisateur tente le maximum au niveau du gore et de l'érotisme tout en évitant de déclencher les foudres de la...

le 19 févr. 2017

3 j'aime

La Tour du Diable
Boubakar
4

Allumeuse est la tour.

Sur une petite ile au nord de l'Ecosse, et difficilement accessible pour les pêcheurs, deux d'entre eux font la découverte de trois adolescents assassinés, mais une jeune femme va avoir le temps d'en...

le 23 févr. 2021

2 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

le 12 août 2022

22 j'aime

10