Réputée inadaptable, l’œuvre somme de Stephen King a enfin droit (35 ans après la parution du premier tome !) aux faveurs du grand écran. Mais condensés en un film d’une heure et demie, que reste-t-il des 7 livres ?
Bien que destiné à être le premier épisode d’une trilogie, le long-métrage de Nikolaj Arcel peut se suffire à lui-même tout en laissant la porte grande ouverte à des suites. Il ne s’agit donc pas d’une transposition du premier volume de la saga, mais bien d’une réécriture destinée à plonger le grand public dans cet univers si particulier.
Pour ce faire, le film se permet de piocher dans les différents livres, du premier au dernier, pour diffuser un maximum d’informations sur le monde qu’il dépeint et sur les enjeux. Inévitablement, le spectateur non familier de la saga littéraire risque rapidement de se retrouver noyé sous l’abondance d’éléments à assimiler.
Conscient de la complexité de l’univers qu’il doit mettre en place, le film choisit le jeune new-yorkais Jake comme point de repère, un personnage auquel il est bien plus facile de s’identifier que Roland le pistolero. Un parti pris plutôt judicieux qui permet une narration assez fluide et cohérente. De ce fait, la rencontre attendue entre Jake et Roland accouche d’un duo attachant, l’alchimie entre les deux personnages fonctionnant indéniablement.
Là où ce premier opus cinématographique se plante assez lamentablement, c’est dans sa représentation de la figure maléfique, l’homme en noir faisant un bien piètre méchant. D’abord la faute à un Matthew McConaughey figé, qui nous offre une de ses prestations les plus insignifiantes rendant chacune de ses apparitions pénibles à suivre. Mais c’est également la faute à une écriture du personnage au ras des pâquerettes et à une absence totale de travail sur l’apparence physique de l’homme en noir. Une malheureuse chemise noire et un peu de gel dans les cheveux, on est bien loin des descriptions que faisait Stephen King de ce personnage.
L’aspect visuel s’avère effectivement être l’un des gros points faibles du film. La direction artistique assure le minimum syndical au niveau de certains décors (la base des méchants se révèle particulièrement cheap) et des maquillages. On peut légitimement se demander où sont passés les 60 millions de dollars de budget.
A ce manque flagrant d’ampleur s’ajoute un manque d’ambition puisque l’on se contente de suivre une poignée de personnages dans seulement quelques décors.
Mais, malgré tout, l’essentiel est là. Les bases de l’univers et les enjeux sont posés. L’aventure se suit assez agréablement et on attend déjà avec une certaine impatience de découvrir ce que la suite nous réserve. Si l’on peut considérer ce premier épisode comme une introduction, le second se devra d’être épique, au risque de perdre définitivement tous les fans de l’œuvre du King.